Comme les autres missions d’accompagnement des patients - les entretiens « Asthme » et « anticoagulants oraux » - le bilan partagé de médication suscite peu d’enthousiasme chez les pharmaciens. Certes, beaucoup d’entre eux ont suivi une session de formation sur ce thème au cours de l’année 2018. Mais, en pratique, peu en ont réalisé.
Pourtant, les enjeux sont multiples pour la profession. « Si nous ne réussissons pas, ce sont d’autres professions que le feront demain », s’inquiète le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Gaertner. « Si la réforme de la rémunération a permis de stabiliser l'économie, il faut aller chercher de la croissance avec les nouvelles missions », explique de son côté Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Fin septembre, les représentants syndicaux, mais aussi ceux du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, de l'Association de la pharmacie rurale (APR), des groupements et l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) appelaient, dans un communiqué commun, à s'engager sans tarder dans les bilans de médication. Malgré cela, en octobre, « le nombre de bilans de médication réalisés par la profession n’est pas du tout au rendez-vous de ce que nous avions projeté », constatait, déçu, le directeur général de l’assurance-maladie, Nicolas Revel, lors du Congrès national des pharmaciens. Selon son décompte, 15 000 bilans ont en effet été menés sur les 9 premiers mois de l’année. L’accord conventionnel en prévoyait 400 000 pour 2018 ! Toutefois, Nicolas Revel veut se laisser encore un peu de temps : « Il faut que l’on se donne jusqu’à l’été prochain pour voir comment le dispositif prend sa place puisque je sais qu'il y a eu un temps de formation, et il est donc évidemment trop tôt pour pouvoir poser une appréciation définitive sur le sujet. »
Comment expliquer que certains confrères aient des réticences ? « Au-delà du tarif horaire quasiment insultant, il y a le problème de recrutement des patients, qui ne sont pas demandeurs, s'en fichent ou sont rebutés par l'idée que ça va durer une heure », explique sur notre site Internet Laurianne. Pourtant, ceux qui se sont lancés dans la réalisation de bilans ne le regrettent pas. Franck Lemonnier, titulaire à Condé-sur-Noireau (Calvados), affirme ainsi n’avoir eu que des retours positifs. Tout comme Eric Ruspini, titulaire à Gerbévillers (Meurthe-et-Moselle) : « À chaque fois, les patients m’ont remercié. »
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