IL Y A chaque année plus de 1,7 million de consultations en urgence pédiatrique, dont la moitié concerne des enfants âgés de moins de 6 ans. Seulement 10 % sont hospitalisés (court séjour). Les accidents de la vie courante entraînent un décès par jour, avec un pic entre 1 et 4 ans. La presque totalité des décès chez l’enfant et le nourrisson est évitable, donc intolérable !
Dans les situations d’urgence, l’immédiateté de l’action est essentielle pour garantir la survie ou limiter l’aggravation des lésions. Le pharmacien d’officine doit rechercher les facteurs de gravité, reconnaître les détresses vitales et « faire le tri » entre ce qui relève des urgences, de premiers soins par un médecin ou d’une prise en charge à l’officine.
Les points clés du bilan pédiatrique.
Il faut pouvoir rapidement établir un bilan pédiatrique (qui se rapproche de celui de l’adulte) et tout d’abord, apprécier la conscience de l’enfant sur trois critères : l’ouverture des yeux (spontanée, à une stimulation, pas d’ouverture), la réponse verbale (compréhensible, incompréhensible, pas de réponse) et la réponse motrice (bouge à la demande, à la douleur ou ne bouge pas).
Il faut ensuite bien observer l’enfant : coloration de la peau, des lèvres et des muqueuses (pâleur, cyanose…), présence de sueurs (hypercapnie)… Prendre sa température (ne pas le faire sous un spot) et regarder le temps de recoloration cutanée qui est un reflet de l’hémodynamie. En ce qui concerne la fréquence ventilatoire, normalement, elle doit être de 40 mvts/min au maximum et la fréquence cardiaque 120 bts/min maximum. Plus l’enfant est petit et plus sa fréquence cardiaque est élevée.
Voici quelques exemples de situations d’urgences.
Un enfant fait une crise d’asthme…
Un enfant de 6 ans est amené à l’officine par sa mère affolée : il fait une crise d’asthme et n’arrive plus à respirer.
Il faut le mettre au repos assis et lui faire prendre un bêtamimétique (salbutamol) avec une chambre d’inhalation. Il ne faut pas hésiter à saturer la chambre avec 6 à 12 bouffées de spray selon sa taille et inciter l’enfant à respirer profondément. S’il n’y a pas d’amélioration, appeler le SAMU, centre 15. En attendant, répéter l’inhalation de salbutamol toutes les 5 minutes et administrer de l’oxygène en inhalation, si possible.
Si l’enfant récupère, orienter vers un avis médical.
Rappeler les conseils de prévention primaire : observance du traitement de fond (corticoïdes), mesure régulière de la DEP (peak-flow).
L’ingestion d’un corps étranger.
Léa, 26 mois, est amenée par sa tante. Elle a avalé une pile bouton. Léa a toussé, mais elle respire bien maintenant. Sa tante lui a fait boire du lait parce que Léa était gênée pour déglutir.
Il convient d’observer les signes de gravité : forme et taille du corps étranger, persistance de la toux, refus de décubitus (phénomène de clapet, l’enfant ne respire plus), vomissements après chaque tentative d’alimentation, douleur persistante rétrosternale.
La pile miniature risque de provoquer une brûlure grave de l’œsophage et il faut la retirer en urgence. Le contrôle radiographique est obligatoire. En l’absence de facteurs de gravité, l’enfant sera transporté assis aux urgences, dans le cas contraire, appeler le SAMU. L’enfant doit rester à jeun.
L’ingestion d’un corps étranger est fréquente entre 6 mois et 3 ans (immaturité de la région oropharyngée). 10 à 20 % des cas sont hospitalisés pour extraction. Dans 40 % des cas, l’ingestion est ignorée, les symptômes sont secondaires (vomissements, refus alimentaire, gêne à la déglutition…).
Un traumatisme crânien.
Thomas, 3 ans, est tombé du toboggan. Il a pleuré et a vomi. Il est maintenant calme.
L’essentiel est d’évaluer l’état de conscience de l’enfant, sa réactivité : palpation prudente du crâne, examen des réflexes photomoteurs et recherche d’autres traumatismes.
Le fait que l’enfant ait vomi tout de suite après la chute ne constitue pas un facteur de gravité. En revanche, si les vomissements surviennent tardivement, cela est plus grave.
En cas de trouble de la conscience, appelez le SAMU (hospitalisation en urgence, scanner…)
Méningite à purpura.
Océane, 18 mois, présente une fièvre à 38,7 °C. Elle est fatiguée, pâle et présente des boutons rouges.
Mettre un masque FFP2 et déshabiller l’enfant pour voir les plaques rouges-noires sur le corps.
Rechercher les signes de gravité. Interroger la maman : vitesse d’apparition des taches rouges, vomissements, refus d’alimentation, raideur de la nuque, photophobie. Appuyer sur la peau : elle ne blanchit pas !
La méningite à purpura fulminans est une urgence absolue. Elle provoque encore 30 décès par an.
Appeler le SAMU. Allonger l’enfant et le mettre au repos en surveillant le pouls, la conscience…
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