DEPUIS cette année, les officinaux peuvent délivrer les vaccins contre la grippe sans que les patients à risque aient besoin de passer par la case médecin. Plus précisément, les assurés de plus de 16 ans déjà vaccinés l’hiver dernier peuvent retirer directement leur vaccin dans les pharmacies en échange du bon spécifique envoyé par l’assurance-maladie. Pour les primo-vaccinants, la prescription médicale reste toutefois obligatoire.
Tandis que la campagne de vaccination 2008/2009 arrive à son terme, la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) tire un premier bilan de cette opération visant à améliorer la couverture vaccinale en France. Et selon l’organisme payeur, c’est un franc succès. « Les premières données disponibles à fin novembre 2008 montrent que ce dispositif a été massivement utilisé, se félicite la CNAM. Près de 9 personnes sur 10, concernées par cette nouveauté, ont bénéficié d’une délivrance directe par le pharmacien (86,5 % au total) ». « Cette facilitation du parcours de vaccination a répondu à une attente forte et favorisé le renouvellement de la vaccination », ajoute-t-elle.
200 000 personnes de plus.
« Globalement, l’expérience est très positive », analyse de son côté Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Selon lui, cette simplification de la démarche vaccinale est désormais opérationnelle dans les officines. « Le démarrage a été un petit peu difficile, la première semaine, mais maintenant les problèmes liés au remboursement des pharmaciens sont résolus », assure-t-il.
L’opération semble également avoir rempli son objectif d’amélioration du taux de couverture vaccinale. En effet, selon la CNAM, « ce sont ainsi d’ores et déjà près de 200 000 personnes supplémentaires vaccinées par rapport à l’année 2007 et 600 000 de plus qu’en 2006 ». Au total, 5,1 millions de personnes ont été vaccinées contre la grippe à la fin de l’année 2008, soit un taux global de vaccination antigrippale de 57 %. « Ce résultat apparaît d’autant plus satisfaisant que la campagne a débuté plus tardivement, les vaccins ayant été disponibles à la mi-octobre seulement au lieu de fin septembre les années précédentes », rappelle l’assurance-maladie.
Ce succès relatif de la campagne vaccinale 2008/2009 est également à mettre sur le compte des infirmiers libéraux. A l’instar des officinaux, ils ont également vu cette année leur champ de compétences élargi. Ils peuvent ainsi désormais pratiquer la vaccination chez certains patients sans prescription médicale, à l’exception des primovaccinations. « La campagne antigrippale actuelle se caractérise ainsi par le renforcement du rôle de deux professions de santé, infirmiers libéraux et pharmaciens, dont le rôle est essentiel aux côtés des médecins pour atteindre l’objectif de santé publique : un taux de vaccination des populations à risque de 75 % au moins », souligne la CNAM.
Les enjeux de la loi HPST.
Les syndicats de pharmaciens, eux, aimeraient bien que les pouvoirs publics ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Fort de ce succès, mais aussi de la réussite du renouvellement de certaines ordonnances, ils revendiquent la possibilité d’assurer le suivi des malades chroniques et des personnes âgées. « Nous travaillons actuellement sur ce sujet au sein de l’Union nationale des professionnels de santé », indique Gilles Bonnefond, qui compte également sur la future loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) pour faire évoluer les compétences des pharmaciens. Ce projet de loi, qui doit être examiné dans les prochaines semaines, pourrait donner un cadre juridique à une nouvelle organisation des soins entre professionnels. « Personnellement, je ne parle plus de transfert de compétence ou de délégation de tâches, mais de bonne organisation du système de soins », explique le président délégué de l’USPO. Une évolution des missions qui, selon lui, doit se faire en concertation avec les médecins, avant d’être validée par la Haute Autorité de santé (HAS). Mais, à en croire la récente polémique lancée par l’Ordre des médecins en réaction à la campagne du Giphar (le « Quotidien » du 19 janvier), il n’est pas sûr que le corps médical y soit réellement prêt.
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