CRÉÉ par les Unions régionales des professions de santé (URPS), médecins et pharmaciens, de Lorraine, le réseau « SIOUX » (Suivi intégré de l’ostéoporose par les URPS-X) part d’un constat médical : plusieurs traitements permettent de réduire efficacement le risque de fractures chez les patients ostéoporotiques, mais la plupart des patients les abandonnent trop tôt car ils les jugent contraignants ou n’en perçoivent pas les avantages. Or un traitement n’a d’intérêt que s’il est pris régulièrement pendant au moins trois ans.
Coordonné par un rhumatologue de Metz, le Dr Didier Poivret, le réseau SIOUX entend donc encourager l’observance par un suivi constant des patients, revus alternativement par les médecins et les pharmaciens. L’ARS de Lorraine assure la majorité du financement de SIOUX, le reste étant pris en charge par les URPS. L’Ordre régional des pharmaciens de Lorraine s’est, lui aussi, fortement engagé pour la réussite du projet.
Lorsqu’un patient à risque est « repéré », soit à la suite d’une première fracture, soit lors d’une consultation chez un médecin, il est invité à participer à une après-midi d’éducation thérapeutique (ETP) à l’hôpital sur le thème de l’ostéoporose, puis à entrer dans le dispositif. L’URPS pharmaciens a souhaité aussi que les patients à risque détectés par les pharmaciens puissent eux aussi entrer dans le circuit. Celui-ci, qui fonctionne depuis janvier, concerne déjà 44 patients, suivis par 36 médecins et 32 pharmaciens de Metz et de ses environs. À l’issue de la séance d’ETP, un carnet de suivi complété par deux séries de questionnaires est remis au patient. Il s’engage à les présenter, deux fois par an pendant trois ans, à son médecin et à son pharmacien habituels, lesquels les rempliront avec lui, en bénéficiant d’un honoraire pour cela.
Quatre consultations par an.
Les médecins et les pharmaciens vont donc chacun suivre le patient tous les six mois en moyenne, mais le patient, lui, bénéficiera de quatre « consultations » par an autour de son traitement, deux chez le médecin et deux chez le pharmacien. Ce dernier va lui proposer un véritable entretien, portant aussi bien sur le traitement que sur les changements de mode de vie nécessaires à une bonne prévention. S’il détecte un problème d’adhésion, il pourra en parler avec lui, mais aussi informer le médecin. Le carnet de suivi sert en outre à coordonner les actions entre les rendez-vous successifs.
Benoît Beaudouin, titulaire d’une officine à Montigny-les-Metz et vice président de l’URPS-pharmaciens souligne que les patients voient « rarement les spécialistes, plus souvent les généralistes, et encore plus fréquemment les pharmaciens » : ceux-ci sont donc idéalement placés pour le suivi régulier, notamment lors des renouvellements d’ordonnances. Les pharmaciens sont désormais formés aux entretiens, notamment grâce au protocole concernant les AVK : « cela nous a appris aussi à maîtriser ce type de dialogue et à renforcer notre spécificité, sans risquer de déborder de notre rôle », poursuit-il.
Un honoraire de 20 euros.
De plus, les médecins et les pharmaciens touchent chacun un honoraire de 20 euros par questionnaire rempli, soit au maximum 40 euros par an. Pour Benoît Beaudouin, ce n’est pas le montant qui est important, mais bien le fait que des pharmaciens soient rémunérés pour une action de prévention et de suivi. Selon lui, SIOUX tombe à pic pour montrer aux pouvoirs publics comment les pharmaciens peuvent contribuer au succès de programmes de santé. Le projet illustre aussi la complémentarité entre les médecins et les pharmaciens, de même que le rôle de ces derniers en matière d’ETP. De plus, rappelle-t-il, les patients sont demandeurs de ce type d’initiatives, et l’exemple de SIOUX pourra un jour se reproduire pour d’autres affections.
Pour le Dr Mustapha Moulla, médecin généraliste chargé de l’ETP au sein de l’URPS-médecins de Lorraine, SIOUX apprend aux professionnels à mieux travailler ensemble, alors qu’ils n’en ont pas assez l’habitude. « Les compétences des pharmaciens ont longtemps été sous-utilisées, et des programmes comme celui-ci montrent que cette situation est en train de changer », estiment les promoteurs du projet, dont le slogan est d’ailleurs « améliorer l’adhésion en s’y mettant à plusieurs ».
Une évaluation de la première année de fonctionnement de SIOUX aura lieu début 2014, date à laquelle 40 nouveaux patients seront intégrés dans le réseau, 40 autres étant appelés à suivre en 2015.
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