Désormais encadrés, les tests antigéniques peuvent être réalisés en officine. De nombreux pharmaciens s'organisent depuis une dizaine de jours pour être opérationnels dès le début de cette semaine. À cet effet, une procédure a été mise en ligne par l'Ordre qui résume les modalités de cette nouvelle mission.
Qui sont les patients éligibles ?
Ce dépistage pris en charge par l'assurance-maladie, mais qui ne nécessite aucune prescription médicale, va permettre au pharmacien de poser un diagnostic sur toute personne âgée de moins de 65 ans, à condition qu'elle ne soit pas à risque de forme grave de Covid. Les personnes asymptomatiques peuvent également se faire tester mais elles ne seront pas prioritaires. « Ce test va nous donner des indices sur les personnes asymptomatiques et il va nous permettre de détecter très rapidement les "supercontaminateurs" », se félicite Martial Fraysse, titulaire à Fontenay-sous-Bois et membre de l'Académie de pharmacie.
Un regret pour les représentants de la profession : que les tests antigéniques ne soient pas ouverts aux personnes cas contacts ou détectées au sein d’un cluster, ni aux voyageurs nécessitant un test pour entrer dans un pays.
Par ailleurs, selon Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), la « règle » consistant à réserver les tests antigéniques aux patients ne pouvant obtenir en moins de 48 heures les résultats d'un test RT-PCR n'a pas été retenue. Cette condition, préconisée par la Haute Autorité de santé (HAS), aurait été de toute façon quasi-impossible à vérifier au comptoir.
Faux nez ou e-learning ?
De nombreuses formations sont d'ores et déjà accessibles en ligne pour réaliser ce geste. Certaines URPS comme celles des Hauts-de-France, de la région Auvergne-Rhône-Alpes, d'Ile-de-France ou en PACA proposent également des faux nez sur lesquels les pharmaciens et leurs équipes peuvent s'entraîner. Selon Laurent Filoche, une simple déclaration d'auto-formation devrait être exigée pour les pharmaciens qui souhaiteront réaliser des tests antigéniques.
À noter, précise l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) qu'une procédure d’assurance qualité similaire à celle utilisée pour les TROD Angine doit être rédigée par le pharmacien. Ce document doit préciser les modalités de recueil, de transfert, de stockage des données, et l’identité du professionnel chargé de contacter les personnes dépistées si nécessaire.
Faut-il informer son assureur ?
Comme pour la vaccination, les pharmaciens sont couverts pour la réalisation des tests antigéniques par leur assurance responsabilité civile professionnelle. Aucune extension de garantie n'est nécessaire, déclare la MACSF qui indique cependant qu'« il conviendrait que les pharmaciens nous précisent qu'ils vont étendre leur activité à la pratique de ces tests antigéniques ».
Quel balisage dans l'officine ?
Il est conseillé de définir un circuit au sein de l'officine afin que les patients venant se faire dépister ne croisent pas les autres clients. Des plages horaires dédiées aux tests antigéniques sont par ailleurs recommandées, tout comme la prise de rendez-vous. Le personnel qui réalisera ces tests devra être protégé et disposer d'équipement de protection individuel (EPI) comprenant charlotte, masque FFP2, voire visière, surblouse, et gants. La solution désinfectante pour surfaces doit répondre à la norme virucide 14476, précise l'USPO.
En intérieur ou en extérieur ?
L'installation de « barnum » à l'extérieur de l'officine, notamment sur le parking ou dans une cour intérieure, est autorisée, à condition d'avoir obtenu une autorisation préfectorale. Cette solution peut être privilégiée afin d'éviter tout risque de contamination entre patients sur le parcours. « Il faut parvenir à une distanciation temporelle en organisant des plages horaires, et une distanciation physique en installant un lieu en extérieur, ou à l'intérieur, en ouvrant une seconde porte », insiste Martial Fraysse.
Qui prélève, qui teste ?
Les préparateurs sont associés à la réalisation des tests mais uniquement pour le prélèvement. Ils ne peuvent ni effectuer la révélation du test, ni annoncer le résultat au patient.
Les représentants de la profession ont également sollicité le renfort des étudiants ayant validé leur première année de médecine, pharmacie, maïeutique, odontologie, qui sont, eux, autorisés à effectuer le prélèvement. Le travail en binôme peut fluidifier le dispositif, une personne prélève et l'autre recueille les données, transcrit le résultat et effectue les tâches administratives.
À noter que le dépistage Covid est également un bon test pour l'interprofessionnalité. Les représentants de la profession ont milité pour que les infirmiers puissent se joindre aux pharmaciens pour réaliser ces tests en binôme.
Pour quelle rémunération ?
Dans ce cas où l'infirmier intervient à l'officine aux côtés du pharmacien, il cotera l'acte directement auprès de l'assurance-maladie. Le pharmacien quant à lui ne percevra que 16,20 euros en supplément des 8,05 euros* pour le dispositif médical de diagnostic in vitro de détection antigénique du virus SARS-CoV-2.
Si le pharmacien ou l'équipe officinale réalise le dépistage dans son intégralité, il percevra 26 euros plus le prix du test. Dans les deux cas, la facturation est établie auprès de l'assurance-maladie sous le code PMR.
Que faire du résultat ?
En cas de résultat positif, le patient doit être immédiatement mis à l'isolement, il doit être orienté vers son médecin traitant tandis qu'une boîte de 30 masques prise en charge par l'assurance-maladie peut lui être remise par le pharmacien, indique l'USPO. L'efficacité du dépistage ne sera totale que si la démarche s'inscrit dans un objectif épidémiologique visant à tracer le résultat. Aussi, toujours en cas de résultat positif, le pharmacien informe la plateforme de l’assurance-maladie afin de déclencher les mesures de contact-tracing par messagerie sécurisée de santé ou par téléphone à l’assurance-maladie au 09 74 75 76 78, de 8 h 30 à 17 h 30, du lundi au dimanche pour saisie d’une fiche « patient 0 » dans Contact Covid.
À partir de la mi-novembre, le pharmacien inscrira les résultats positifs et négatifs sur la plateforme SI-DEP IV.
À noter que le patient Covid + peut, s'il le souhaite, se déclarer sur l’application du gouvernement « TousAntiCovid », grâce à un code à 6 caractères alphanumériques que le pharmacien aura généré depuis Pro Santé Connect à l'aide de sa carte CPS ou e-CPS, détaille l'USPO. Attention, ce code ne restera actif que pendant 60 minutes.
* Majorations pour les DROM le tarif varie entre 9,77 et 11,55 euros.
De même le dépistage est rémunéré 27,30 € (17,01 € sans prélèvement par le pharmacien).
Dans les Alpes-Maritimes
Dépistage du VIH : une expérimentation à l’officine
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques