Alors que le gouvernement a lancé hier l'acte 2 du déconfinement, le ministre de la Santé a annoncé que les tests sérologiques seraient « pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie s'ils sont prescrits par un médecin et selon les indications de la Haute Autorité de santé (HAS) ».
Toujours dans l'attente de la publication d'un arrêté qui autoriserait la réalisation des TROD Covid-19 en officine (voir notre article « abonné »), les représentants de la profession n'ont pas caché leur déception suite aux propos d'Olivier Véran. Dans une lettre ouverte adressée le 28 mai au ministre de la Santé, la FSPF, l'USPO, l'UDGPO et Federgy s'unissent et demandent « sans plus attendre la publication (de l'arrêté) dans une forme qui soit cohérente avec la fonction même des TROD, qui est une orientation diagnostique. Ils doivent donc être accessibles sans prescription médicale obligatoire », clament les quatre organisations qui posent la question suivante à Olivier Véran : « pourquoi ce retard dans la publication de l’arrêté alors que la HAS a confirmé sans équivoque la place des tests sérologiques pour le dépistage du Covid-19 ? ». Les syndicats et les représentants des groupements le rappellent : « Les pharmaciens d’officine souhaitent pratiquer ces tests sérologiques pour répondre aux interrogations de nos concitoyens sur leur statut vis-à-vis du Covid-19 en collectant les résultats de façon anonyme pour une remontée éventuelle vers les autorités de santé. »
Lors d'une conférence de presse tenue ce 29 mai, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a de nouveau exprimé son désarroi sur le sujet des TROD Covid-19. « Le positionnement et la doctrine du gouvernement exposés hier par Olivier Véran ne sont pas du tout satisfaisants puisque le ministre de la Santé écarte le dépistage à l’officine, alors que les patients viennent nous voir pour demander à être testés. C’est invraisemblable, on se retrouve face à la même histoire que pour les masques », se désole-t-il. Le président de la FSPF dénonce également une certaine incohérence sur la question des autotests. « Je valide totalement l’avis de la HAS qui dit qu’il n’est pas opportun de mettre sur le marché des autotests (...) sauf que réglementairement c’est autorisé, les pharmaciens peuvent vendre un autotest dès lors qu’il a un marquage CE. Pour résumer : la HAS dit qu’il ne faut pas les vendre, mais c’est autorisé », souligne-t-il. Compte tenu des doutes que soulève encore la question du temps d'immunité, Philippe Besset estime, de plus, que la question de l'accompagnement du patient est « bien supérieure à la seule obtention des résultats positifs ou négatifs ».
Après les TROD grippe, angine et glycémie, le pharmacien pourra-t-il réaliser cet acte pour le Covid-19 ? Si l'ensemble des représentants de la profession semble sur la même longueur d'onde, une corporation se mobilise, elle, pour empêcher les officinaux de les pratiquer. Dans un communiqué adressé au Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, le syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) s’inquiète de « l’utilisation de tests de diagnostic rapide dans des officines depuis quelques jours ». Pour le SJBM, « l’interprétation de ces examens doit être réalisée par des experts du diagnostic biologique au sein de laboratoires privés et publics » et surtout pas par les pharmaciens. Entre les officines et les laboratoires de biologie médicale, la guerre des TROD aura bien lieu.
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