Parmi les recommandations de François Braun pour répondre à la crise des urgences, figurait le déploiement simplifié des protocoles de coopération, jusque-là réservés aux centres de santé et aux MSP. Un arrêté publié en juillet a permis de les étendre aux professionnels de santé libéraux faisant partie d’une CPTS. Quatre protocoles sont accessibles aux pharmaciens, dont l'un pour la cystite chez la femme de 16 à 65 ans.
Jocelyne Wittevrongel, titulaire à Saint-Gaultier, dans l'Indre, a voulu se lancer dans l'aventure le plus vite possible. « J'ai appelé la présidente de la CPTS, qui est médecin, on a fait une rapide formation toutes les deux et on a mis en place le protocole pour la cystite dès le début du mois d'août. » Depuis, trois patientes ont pu être directement prises en charge par l'officinale. « Deux d'entre elles sont venues en pharmacie avec des symptômes classiques de la cystite. Je leur ai proposé d'entrer dans le protocole, j'ai recueilli leur consentement, vérifié qu'elles étaient éligibles, qu'elles n'avaient pas d'allergie à la fosfomycine, ou d'insuffisance rénale… Ensuite, on fait le test avec les bandelettes, on attend deux minutes et selon les résultats on peut délivrer des antibiotiques, si nécessaire, ou une solution plus douce. En plus de cela, on donne des conseils aux femmes pour les aider à prévenir le risque de cystites à l'avenir. » Un service bienvenu pour des patientes qui auraient certainement dû attendre plusieurs jours pour avoir un rendez-vous avec un médecin.
Des protocoles pas accessibles à tous les pharmaciens
De cette expérience, Jocelyne Wittevrongel ne retire « que du positif ». La titulaire a déjà hâte de pouvoir proposer les protocoles dédiés à la varicelle et à l'angine. Malheureusement, de nombreux freins empêchent d'autres pharmaciens d'en faire de même. « Il faut appartenir à une CPTS, donc cela n'est possible que pour 2 000 pharmacies. De plus, les CPTS, et les médecins qui s'y trouvent, ne sont pas tous motivés pour le faire », regrette la pharmacienne. « Quant au mode de rémunération du pharmacien, c'est d'une complexité rare. Il faut envoyer une fiche récapitulative à la CPTS qui va ensuite envoyer un bordereau à l'assurance-maladie, se faire payer, puis payer le duo médecin-pharmacien en retour… Sans compter que les tarifs ne sont pas les mêmes selon les CPTS, ce qui est complètement aberrant. Il serait bien plus pertinent d'en faire un acte propre, avec un arbre décisionnel, un code acte… et permettre ainsi aux officinaux de le faire de manière autonome. » Selon l'arrêté, les quatre protocoles de coopération pourront être proposés en officine jusqu'au 30 septembre. Ensuite, seront-ils prolongés ? Et sous quelles conditions ? Pour l'instant, rien n'est fixé. « L'assurance-maladie va peut-être reprocher aux pharmaciens de ne pas s'être suffisamment investis, mais si c'est le cas, c'est à cause des conditions exigées pour la mise en place de ces protocoles, pas d'autre chose », veut souligner Jocelyne Wittevrongel.
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