Dans les médias, sur les réseaux sociaux ou à coups de communiqués de presse, les syndicats de médecins font bruyamment savoir que, décidément, non, la vaccination par le pharmacien, que ce soit contre le Covid ou une autre pathologie, n’est toujours pas accueillie à bras ouverts.
Selon une enquête en ligne menée par « Le Quotidien du médecin », 53 % des médecins se disent opposés à l’autorisation de vacciner contre le Covid-19 accordée aux pharmaciens. Reste que 42 % y sont favorables et 5 % hésitent. Une nuance qui semble absente chez la plupart des représentants syndicaux de la profession. Pour le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Jean-Paul Ortiz, « ce n’est pas multiplier les vaccinateurs qu’il faut, c’est multiplier les vaccins ». Pire, il estime que la vaccination par les pharmaciens « ne répond à aucune nécessité et à aucun besoin » et s’inquiète même d’un possible gaspillage des doses vaccinales en pharmacie. La branche CSMF-Les Généralistes, présidée par Luc Duquesnel, ne dit pas autre chose. Non seulement la vaccination contre le Covid-19 à l’officine risque d’entraîner des conflits locaux et un possible gaspillage des vaccins, mais Luc Duquesnel accuse aussi les officinaux de bâcler le travail. « S'il n'y a pas eu assez de vaccins pour la grippe, même pour certaines personnes qui avaient des bons, c'est parce que les pharmaciens n'ont pas vérifié l'éligibilité », affirme-t-il à « Egora ».
Sur « France Info », Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la Fédération des médecins de France (FMF), regrette lui aussi cette autorisation de vacciner avec le vaccin d’AstraZeneca. Parce qu’il existe un risque rare mais « pas négligeable » d’allergie au vaccin et de « choc anaphylactique » auquel les pharmaciens ne sont pas formés… Du côté du Syndicat des médecins libéraux (SML), on indique être « défavorable à la primovaccination par les pharmaciens ».
Le moins catégorique reste MG France, qui tient néanmoins à rappeler que, de son point de vue, « la mission prioritaire des pharmaciens est l'approvisionnement en vaccins et leur délivrance aux professionnels de santé, puis à la population ». Son président, Jacques Battistoni, précise néanmoins que respecter le rôle de chacun « n'interdit pas au pharmacien de vacciner dès qu'il aura approvisionné en vaccins les cabinets du médecin et de l’infirmier ».
Du côté des syndicats de pharmaciens, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, s’est voulu rassurant : « Les pharmaciens s’engagent à fournir aux médecins les doses nécessaires aux patients prioritaires selon les critères définis par la HAS », à répartir les doses entre médecins et infirmiers, et à vacciner « les personnes qui souhaitent le faire en officine » avec les doses restantes. Et le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, invite les médecins à ne pas se tromper d’ennemi, qui « n’est pas le pharmacien mais le virus ».
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