Le président du syndicat des médecins généralistes allemands, le Dr Ulrich Weigeldt, a en effet réclamé, lors d’un congrès médical, la possibilité pour les médecins d’avoir une activité de propharmacie, qu’il juge à la fois « logique » et pratique pour les patients, surtout à la campagne. Fort du soutien d’autres syndicats et de l’Ordre des médecins, farouchement opposés eux aussi aux vaccinations à l’officine, il entend maintenant demander officiellement une modification de la législation pharmaceutique pour y introduire les dispensations.
Pour les pharmaciens, la proposition du Dr Weigeldt, loin de répondre à des considérations d’intérêt public, constitue surtout une réponse au projet d’autoriser les pharmaciens à vacciner. Ce qui est en réalité un coup de colère en dit long sur les relations souvent tendues entre les deux professions, climat qui entrave d’ailleurs souvent le développement des nouvelles missions du pharmacien en Allemagne, très en retard dans ce domaine par rapport à d’autres pays européens.
Friedemann Schmidt, président de l’ABDA, l’association faîtière des pharmaciens allemands, a prudemment choisi de ne pas tomber dans le piège que lui tend selon lui le Dr Weigeldt : estimant inutile de raviver une « guerre » qui s’enflamme souvent à la moindre étincelle, il a préféré ne pas lui répondre directement. Il a par contre souligné « son attachement aux compétences complémentaires des deux professions, les uns dans le médicament, les autres dans les soins ». Inutile donc, selon lui, de chercher à empiéter sur les plates-bandes du voisin – même s’il l’a dit en des termes plus choisis —, mais cela revient quand même à renoncer publiquement à l’idée des vaccinations officinales. Il est vrai que le bureau de l’ABDA, justement pour cette raison, s’était toujours montré prudent face à cette idée, soutenue par contre par un très grand nombre de pharmaciens « de terrain ».
Désireux de clore aussi vite que possible la polémique, M. Schmidt n’a toutefois pas pu s’empêcher de glisser quelques remarques acides à l’égard du Dr Weigeldt : « Il y a de moins en moins de médecins, ils ont de moins en moins de temps et doivent déléguer des tâches à d’autres professionnels, et je ne comprends donc pas très bien comment ils pourraient assurer la dispensation au vu de leur charge de travail actuelle. » En Allemagne, toute propharmacie est interdite, mais les médecins peuvent toutefois, en cas d’urgence uniquement, distribuer à leurs patients quelques échantillons gratuits des médicaments qu’ils leur prescrivent.
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques
Logigramme, formation…
Le dépistage de la cystite en pratique