La Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) dénonce les ventes directes comme l'un des principaux facteurs de tensions d’approvisionnement, ou en tout cas de disparités entre officines sur le territoire.
En 2022*, 76,6 % des boîtes d’amoxicilline 1 g en comprimés dispersibles étaient distribuées aux officines via l’un des sept grossistes-répartiteurs couvrant le territoire national. Un an plus tard, cette part s’est réduite à 62,8 %. Toujours en volume, les ventes directes d’amoxicilline ont par conséquent augmenté de 57 %, tandis que celles de la répartition baissaient de 18 %. Cette dérive, qui pénalise de toute évidence les pharmacies difficilement accessibles ou de taille modérée, est encore plus criante s’agissant de la prednisone et de la prednisolone. Entre janvier et octobre 2023, les ventes directes par les laboratoires ont augmenté de 132 % par rapport à la période de référence 2022 tandis que pendant le même temps 20 % échappaient au réseau de la répartition.
Ces quelques exemples cités par la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) fondés sur les statistiques du GERS, panéliste privilégié, pointent ce transfert des volumes maintes fois dénoncé au cours des derniers mois. « Il y a des choix de distribution faits par certains laboratoires concernant des produits en tension pour approvisionner en direct les pharmacies », déplore Laurent Bendavid, président de la CSRP, redoutant une menace pour « une distribution universelle » des produits d’usage courant. De toute évidence, ces pratiques ne reflètent en rien celles des grossistes-répartiteurs dont la mission de service public s’attache à une équité dans l’accessibilité et la disponibilité des médicaments sur tout le territoire. « Les effets collatéraux de ces ventes directes impactent les pharmacies situées dans des territoires plus éloignés. Elles seront aussi moins bien servies si elles sont de petite ou de moyenne taille », dénonce le président de la CSRP.
Les engagements pris par les industriels au sein de la charte ratifiée le 22 novembre par tous les acteurs de la chaîne du médicament, seront-ils suivis d’effets ? L’objectif visé par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) d’atteindre une proportion de 20 % de ventes directes pour 80 % de volumes distribués par les grossistes-répartiteurs sera-t-il atteint ? Le rééquilibrage est pour l’heure loin d’être effectif. Même si Laurent Bendavid perçoit quelques frémissements depuis quelques jours. Les stocks de sécurité doivent être encore réamorcés, seuls les besoins du mois de novembre ont pu être couverts. Dans ce contexte, le président de la CSRP compte fermement sur une mobilisation rapide des industriels afin que les stocks de sécurité puissent être reconstitués dans les prochains jours. « L’urgence est d’autant plus importante que nous sommes confrontés à des effets saisonniers. Sur certains produits, en cas de pic nous devons être capables de répondre en 24 heures. »
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