Le Quotidien du pharmacien. - Comment vous préparez-vous à répondre à la demande en autotests dans les jours qui viennent ?
Oren Bitton. - Nous avons fait le choix de ne pas fournir la GMS, nous ne vendons nos autotests qu'en pharmacie car nous considérons que ce produit nécessite le conseil d'un professionnel. Les pharmaciens testent depuis plus d'un an, ils savent orienter les patients vers un PCR ou un antigénique si besoin, ce qui en GMS n'est évidemment pas le cas. Pour répondre à la demande du réseau officinal, nous allons produire 15 millions de tests pour le mois de janvier, soit environ 7 millions d'autotests et 8 millions de tests antigéniques. Depuis cette semaine, nous proposons également des boîtes de 2 autotests pour répondre aux besoins des pharmaciens dans le cadre des délivrances pour les cas contacts. Aujourd'hui, nos délais de livraison sont d'environ une semaine.
Quel regard portez-vous sur la stratégie de la GMS au sujet des autotests ?
Lorsque l'on vend à prix coûtant cela veut tout simplement dire que l'on ne paie pas les gens pour leur travail. Vendre à prix coûtant, c'est une aberration. Leclerc et les autres enseignes ont certes des autotests moins chers qu'en pharmacie, mais cela est possible parce qu'ils achètent en Asie ou en Turquie. De notre côté, nous vérifions systématiquement la conformité de nos lots, nous nous assurons que nos tests satisfont aux normes de performance et de sensibilité. En GMS, on va trouver des tests qui sont marqués CE uniquement parce qu'ils ont été autocertifiés par le fabricant sur des critères parfois les plus bas possible. Pour notre part, l'ANSM nous a inspectés, elle est venue s'assurer de la qualité de nos tests. Pour ceux vendus en GMS, il n'y a jamais eu personne en face pour vérifier s'ils étaient vraiment fiables ou pas. On a constaté qu'il y a eu, ces dernières semaines, une pénurie d'autotests dans le monde entier, mais la GMS française n'a eu aucun mal à en trouver très vite et pour pas cher. Personne d'autre qu'eux ne s'est pas positionné sur les tests qu'ils ont finalement achetés, on peut donc légitimement s'interroger sur leur qualité.
La question de la fiabilité des autotests est régulièrement posée, est-ce justifié ?
Le problème des autotests Covid, c'est que s'ils ne sont pas fiables cela se traduit par beaucoup de faux négatifs. Ce qui est plus grave que si un test est responsable d'un faux positif. Car un patient faussement négatif se dit que tout va bien et il va, par conséquent, continuer à contaminer autour de lui. Aujourd'hui, les modèles sur le marché sont les mêmes que ceux qui étaient présents il y a quelques mois, il est encore beaucoup trop tôt pour les réadapter au variant Omicron. La FDA (l'agence américaine du médicament) a déclaré que les autotests et les tests antigéniques n'étaient pas aussi sensibles avec Omicron, mais cet avis ne concerne pas tous les tests au même niveau, certains sont de bien meilleure qualité que d'autres. Si un autotest est bien utilisé, c’est-à-dire bien réalisé et bien lu, il peut être un outil fiable. De plus, nous n'aurions pas autant de résultats positifs s'ils n'étaient pas du tout adaptés aux variants qui circulent aujourd'hui.
Comment va évoluer la demande en autotests à court et moyen terme ?
La demande va baisser d'ici à quelques semaines, on ne retrouvera pas les niveaux exceptionnels de la période de Noël et du jour de l'An. Avant le mois de décembre, 1 million d'autotests étaient vendus en pharmacie par mois. Le mois de janvier va encore être très fort, mais ensuite la demande en officine va se normaliser. Est-ce que la GMS va continuer à en distribuer après le 31 janvier comme le voudrait Michel-Edouard Leclerc ? Il faudrait changer la loi, les habitudes. Désormais les cas contacts bénéficient d'une prise en charge à 100 % s'ils vont en pharmacie et l'on va revenir peu à peu à une situation plus calme. Je pense que chacun devrait continuer à faire le métier qui est le sien.
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