Le chemin vers le sevrage définitif est souvent jalonné d’obstacles : les fumeurs qui arrêtent sans aucune aide échouent à 97 % (1). Face à ce constat, la Haute Autorité de santé (HAS) préconise d’orienter ces derniers vers un médecin généraliste ou un spécialiste (tabacologue, addictologue, psychologue, centre spécialisé) pour revoir et adapter leur prise en charge.
Les traitements médicamenteux sont, en effet, recommandés pour soulager les symptômes du sevrage tabagique, réduire l’envie de fumer et prévenir les rechutes. Les recommandations de bonne pratique de la HAS pour la prise en charge de l’arrêt du tabac placent les traitements nicotiniques de substitution (TNS) en traitement de première intention tandis que la varénicline et le bupropion sont en deuxième ligne. Pour le Pr Ivan Berlin, tabacologue-pharmacologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), bien que réactualisées en 2014, « les recommandations de la HAS ne sont plus d’actualité. Au sein de la Société francophone de tabacologie (SFT), nous souhaiterions que celles-ci puissent évoluer, dans les années à venir ».
Varénicline et bupropion : une tolérance très rassurante
Si en 2014, à la suite de faits divers relayés par les médias, des doutes subsistaient encore sur la tolérance et les effets indésirables de la varénicline et du bupropion, aujourd’hui, des travaux académiques indépendants ont démontré que l’utilisation de ces molécules n’engendre pas de risque accru d’effets indésirables graves neuro-psychiatriques ou cardiovasculaires.
« Le niveau de tolérance des TNS est comparable à celui de la varénicline et du bupropion. La varénicline a, par ailleurs, démontré une efficacité supérieure à l’usage d’un TNS ou du bupropion. Cette efficacité est similaire quand deux TNS sont combinés (2). La varénicline et le bupropion pourraient donc, à l’avenir, être prescrits en première intention, notamment chez les fumeurs fortement dépendants et/ou en échec, après la prise de substituts nicotiniques (sans suivi médical) », précise le Pr Berlin.
En effet, les résultats de l’étude EAGLES (3) sur le sevrage tabagique (randomisée, menée pendant 12 semaines, dans 16 pays auprès de 8 144 patients de 18 à 75 ans) conclut à l’absence d’augmentation significative de l’incidence des évènements indésirables graves chez les patients traités par varénicline, bupropion ou TNS, par rapport au placebo. « À la suite de ces résultats, en 2017, la varénicline a été le premier traitement de sevrage tabagique remboursé en France. Actuellement, il s’agit du traitement le plus efficace pour aider à arrêter de fumer. Il est particulièrement indiqué chez les patients en échec de sevrage après la prise de TNS », affirme le Pr Berlin.
Autant de temps que nécessaire
Quel que soit le choix du traitement, la durée de prise est fondamentale dans la réussite du sevrage tabagique. « D’une façon générale, les durées de traitement sont trop courtes : les patients imaginent souvent, à tort, qu’ils pourront arrêter de fumer en utilisant les TNS ou les autres médicaments pendant une quinzaine de jours. Or, il faut bien plus de temps pour éradiquer un comportement tabagique commencé il y a 20 ou 30 ans. Au minimum, cinq semaines de traitement sont nécessaires (4). Ce délai doit être adapté à chaque patient : il faut prescrire les médicaments autant de temps que nécessaire », conclut le Pr Berlin.
(1) HAS. Stratégie thérapeutique d’aide au sevrage tabagique.
(2) Cahill K et al. Cochrane Database Syst Rev. 2013 May 31;(5):CD009329.
(3) Anthenelli RM et al. Lancet. 2016 Jun 18;387(10037):2507-20.
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