Lors du colloque pour le bon usage du médicament qui s'est tenu le 22 mars à Paris, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a réaffirmé son attachement au monopole pharmaceutique mais n’a pas souhaité prendre position quant à faire entrer l’automédication dans le parcours de soins du patient.
Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a été le premier à s’adresser à la ministre de la Santé dans le cadre de questions-réponses avec les membres du Collectif bon usage du médicament. Ne pouvant se « soustraire à l’actualité journalistique et à l’exploitation médiatique de l’enquête récente sur le conseil pharmaceutique », il s’est inquiété non seulement de la diffusion d’une enquête qui « s’appuie sur des bases scientifiques fausses », mais aussi et surtout de la conclusion des auteurs de « la nécessité de supprimer le monopole pharmaceutique ». En réponse, la ministre de la Santé s’est voulue rassurante, rappelant que si par le passé « la suppression du monopole pharmaceutique a été dans les tuyaux pendant quelque temps, ce n’est pas ma politique ». Agnès Buzyn va plus loin en affirmant que « nous avons besoin de professionnels de santé rassemblés autour du parcours du patient » et qu’elle souhaite poursuivre « la politique déjà engagée » pour faire du pharmacien un acteur majeur du système de santé « avec tous les enjeux de rémunération qui y sont associés ».
En revanche, à la demande de Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) de transformer l’automédication en « un parcours de soins sécurisé », dont les informations seraient partagées avec les médecins et l’hôpital, pour « en faire une véritable stratégie d’organisation du système de soins », la ministre a reconnu ne pas avoir de réponse pour le moment. « Je crois que je n’ai pas suffisamment instruit cette question. Beaucoup viennent me voir en me disant qu’il faut tout libérer, d’autres au contraire sont beaucoup plus inquiets : je suis prête à vous rencontrer de nouveau pour discuter de ces sujets. » Néanmoins, si Agnès Buzyn indique que « les pharmaciens peuvent parfaitement jouer un rôle de conseil au moment de la vente de produits sans prescription », elle souligne que cette affirmation est vraie « dans 90 % des cas » et qu’elle s’est « inquiétée pour les 10 % de pharmacies qui se trouvent dans les gares, les aéroports ou parce qu’elles ont des flux de passage tellement importants qu’elles n’ont plus le temps de faire du conseil ». C’est ainsi qu’elle justifie le relistage des codéinés en juin 2017, une « décision un peu violente » parce que les pratiques visées allaient « au-delà du mésusage » mais qui a eu l’effet escompté : « Vous remarquerez qu’il n’y a plus aucun enfant qui est mort de surdose de codéine, je ne regrette donc pas cette décision. »
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