Élisabeth Borne a confirmé ce mercredi que le gouvernement envisageait d'augmenter les franchises médicales. Une mesure qui suscite déjà de vives critiques chez les associations de patients et certains professionnels de santé.
Invitée mercredi sur « France Bleu », la Première ministre, Élisabeth Borne, a confirmé que l'augmentation des franchises médicales, ce reste à charge de 50 centimes que payent les assurés sur chaque boîte de médicaments ou acte paramédical, faisait « partie des pistes » pour les économies budgétaires en 2024. Une mesure qu'Élisabeth Borne a tenté de justifier en rappelant notamment que la consommation de médicaments en France était plus élevée que chez nos voisins européens, notamment en ce qui concerne les antibiotiques. « Il ne s'agit évidemment pas d'empêcher les gens de se soigner », a-t-elle tenté de rassurer, assurant vouloir « protéger » les personnes très vulnérables, très modestes et les patients qui auraient des affections de longue durée (ALD) ou chroniques.
Selon des scénarios dévoilés cet été par « Les Échos », le gouvernement veut précisément doubler la franchise, ce qui la porterait à 1 euro par boîte ou acte. Ce relèvement pourrait aussi concerner la "participation forfaitaire" qui s'applique chez le médecin, qui passerait, elle, de 1 à 2 euros. L'exécutif envisagerait aussi d'étendre la franchise aux dispositifs médicaux tels que les pansements ou béquilles, jusqu'alors exemptés. Enfin, un possible doublement des plafonds annuels serait à l'étude. Le gain potentiel s'élèverait à plusieurs centaines de millions d'euros, jusqu'à 1,5 milliard en cas de relèvement des plafonds.
Les objectifs avancés par l'exécutif inquiètent néanmoins les associations de patients et les représentants des professionnels de santé. Les arguments défendus ce mercredi par la Première ministre n'ont pas convaincu tout le monde. « Je suis choqué de telles pistes en pleines vacances, sans aucune concertation, qui ciblent directement les malades », fustige le président de France Assos Santé, Gérard Raymond. Ce dernier juge par ailleurs « très dommageable » qu'Élisabeth Borne ait définitivement rejeté la piste d'une hausse des taxes sur l'alcool. « On n'envisage que des mesures économiques de court terme », regrette Gérard Raymond. « Dans ces choix très politiques (...) on voit bien que ce n'est pas la santé publique qui compte », observe de son côté la présidente du syndicat de médecins MG France, Agnès Giannotti. Pour elle, s'attaquer aux franchises « est totalement inégalitaire » et revient à « faire payer les plus modestes, les plus malades ». Si certains sont exonérés, notamment les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire, « tous ceux qui sont à peine au-dessus des seuils risquent de renoncer aux soins », avertit-elle. La CGT a également critiqué avec force la stratégie envisagée par le gouvernement sur les franchises médicales. « De telles augmentations contreviennent au principe même de la Sécurité sociale » déplore le syndicat.
De son côté, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) observe aussi avec attention l'évolution de ce dossier. « Il ne faudra pas franchir la ligne rouge, prévient-il déjà. Pour moi il y a trois choses qui ne doivent pas bouger. Il ne faut pas que cette éventuelle hausse des franchises médicales concerne les publics fragiles. Deuxièmement, il est hors de question que les pharmaciens soient chargés du recouvrement, on ne va pas demander nous-mêmes 50 centimes aux patients. Enfin, il ne faut pas toucher au plafond annuel de 50 euros », liste le président de la FSPF, qui attend désormais de connaître le détail de la mesure pour pouvoir se positionner officiellement.
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