Certains malades italiens souffrant de l'hépatite C se tournent vers les officines en lignes pour acheter des génériques disponibles seulement dans les pharmacies indiennes. D'autres préfèrent sauter dans le premier avion et s'envoler pour Hyderabad (Inde) et s'offrir un stock de médicaments antiviraux vendus à prix très compétitifs. Selon l'association de malades Epac qui a enquêté auprès de 84 centres spécialisés italiens, plus de mille patients ont déjà emprunté la route de l'Inde ou de l'Égypte depuis le début de l'année pour acheter l'équivalent du Sovaldi (sofosbuvir).
Tourisme sanitaire
« Ce n'est pas une nouvelle mode mais une nécessité car les régions à court de liquidité ferment le robinet, et pas seulement pour les traitements contre l'hépatite C », confie le pharmacien Paolo Pagano. D'ici à l'été prochain, un accord devrait être signé entre l'Aifa (l'Agence italienne du médicament) et les laboratoires, qui permettrait d'élargir la liste des patients pouvant avoir accès aux traitements pris en charge. Selon les données récemment publiées par le ministère de la Santé, 63 000 patients à risque ont pu bénéficier du traitement gratuit contre l'hépatite C durant les deux dernières années. Mais 2 000 à 3 000 autres patients auraient besoin de se faire soigner et ne peuvent pas s'offrir un traitement dont le coût est exorbitant. Au Vatican, le traitement d'une durée de quatre semaines frôle la barre des 13 000 € et le double dans les officines italiennes. En Inde, les tarifs sont nettement plus compétitifs : 400 € pour quatre semaines de traitement avec l'équivalent du Sovaldi et d'Harvoni, le laboratoire américain Gilead qui détient les brevets de ces deux princeps ayant accordé aux fabricants locaux l'autorisation de produire des génériques. Une aubaine pour les Italiens qui ne rentrent pas dans la catégorie des patients immédiatement à risque et n'ont pas accès aux traitements prix en charge par la Sécurité sociale italienne.
Face à l'augmentation de la demande de tourisme sanitaire en Inde et en Égypte, certaines agences de voyages se sont organisées et offrent des formules tout compris. Le voyage de l'espoir coûte en moyenne 2 000 € plus les frais de voyage aller-retour, à charge du patient. Cette proposition englobe les frais de séjour en hôtel, un chauffeur, un check-up avec un spécialiste en milieu hospitalier et les médicaments fournis par une pharmacie locale. À Vicenza, en Vénétie, certaines structures proposent maintenant des séjours à tarifs spéciaux pour les fêtes de fin d'année : 9 jours au bord de la mer, consultations médicales regroupées sur 24 heures et accompagnateur italien. Des solutions séduisantes pour les patients, le nombre de candidats au voyage augmentant de mois en mois selon les rapports des centres publics italiens. Selon l'Epac, tous ces centres suivent désormais au moins une personne qui a tenté sa chance en Inde ou en Égypte.
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