Arrivés sur place en 2002, François Epinette (60 ans) et son épouse Marie-Colette ont tenu un premier temps leur officine dans le cœur du bourg, jusqu’en 2010, date de leur transfert vers ce pôle, créé en 1997 sur une idée du vétérinaire, propriétaire du terrain, soutenue par la municipalité de l’époque. La formule se veut originale, différente des actuelles Maisons de santé pluridisciplinaire (MSP), bien que de vocation identique : regrouper en un même lieu les acteurs des services de santé, mais tous installés dans leur propre cabinet construit individuellement.
« Chacun est indépendant des autres, détaille François Epinette, mais tous travaillent de concert, se partageant les patients selon les pathologies. Nous sommes en bout de chaîne, répondant aux prescriptions délivrées par les différents praticiens. L’idée est donc bonne, mais la rentabilité reste fragile pour plusieurs raisons. » Après avoir investi 850 000 € dans le bâtiment, le déménagement et les frais annexes, le couple estime pouvoir amortir ses dépenses jusqu’à son arrêt d’activité future mais sans bénéfice excessif. Employant 3 salariés, les deux pharmaciens ont en effet constaté une montée en puissance des frais, parallèlement à une baisse des recettes liées à la chute du prix des médicaments, à la multiplication des génériques et autres avatars actuels du secteur. Ceci malgré une activité soutenue et progressive du Pôle de Santé de Verrières, qui se confirme comme un outil viable et pratique, attirant une clientèle locale et extra-locale tout en optimisant l’image du village.
Un anti-désert ?
« Nous avons souhaité une officine qui soit une réussite architecturale, évoque le titulaire, et qui corresponde à nos idées, nos besoins, nos désirs. Le coût était élevé, au point qu’en plaisantant, une amie m’a dit que j’avais ma « danseuse », mais nous sommes fiers du résultat. Quant à l’apport du Pôle, il est indéniable, sans pour autant être une panacée pour une désertification médicale endémique en région poitevine. »
François Epinette estime que la bonne solution à ce problème réside plus dans les hommes que dans les structures. La bonne entente des praticiens, leur volonté à collaborer, leur attachement à un projet commun, lui paraissent indispensables, et sont pour lui autant de freins à la constitution de ces espaces oubliés.
Cependant, huit ans après son déménagement, le co-titulaire de l’officine de Verrières dresse un bilan contrasté de l’expérience, tout en reconnaissant que ce Pôle vaut mieux qu’une MSP. « Les MSP sont actuellement dans leur seconde vie, beaucoup d’entre elles ayant été désertées par leurs professionnels, laissant des cases vides pour les municipalités qui ont bien du mal à les remplir. À l’aune de notre vécu, nous constatons que la formule mise en place ici (sur des financements uniquement privés) est positive, mais que tout repose sur le bon fonctionnement des équipes praticiennes. Une carence de l’un ou plusieurs éléments poserait un problème de rentabilité, celle-ci étant assez mince. Si j’étudie notre cas, nous avons gagné beaucoup la première année d’implantation – par rapport aux années où nous étions dans le village – mais ensuite, pour les motifs évoqués plus haut, les bénéfices ont chuté. D’un autre côté, l’activité du Pôle ne s’est pas ralentie, bien au contraire, ce qui ouvre des horizons d’espoir, et notre officine peut s’agrandir, ouvrir des espaces individuels, s’étendre. Ce qui laissera à ceux qui prendront notre suite, lorsque nous partirons à la retraite, des possibilités de développement. »
Illustration de cette espérance, l’arrivée récente de nouveaux infirmiers venus conforter une structure qui aura eu le mérite de ne pas coûter un seul centime au contribuable.
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