La semaine dernière, un reportage du magazine Envoyé spécial, diffusé sur « France 2 », avait déjà montré que certains pharmaciens n’informaient pas tous suffisamment bien leurs patients sur les risques associés à la prise de vasoconstricteurs oraux contenant de la pseudoéphédrine. Cette fois, c’est l’UFC-Que choisir qui remet une pièce dans la machine et accuse à son tour les officinaux d’être parfois trop négligents au moment de délivrer ces produits.
L’association de consommateurs, qui n’en est pas à sa première offensive contre ces médicaments anti-rhume, a visité 40 pharmacies franciliennes entre le 15 et le 29 février, à chaque fois en employant le même procédé. Un patient mystère se présente au comptoir, masqué, affirme souffrir d’un rhume et demande de l’Actifed Rhume Jour et Nuit. Bilan : « La quasi-totalité des pharmaciens ont délivré la boîte ou un équivalent sans évoquer la moindre réserve ou le moindre effet indésirable pouvant survenir : seules 4 pharmacies ont pointé un risque d’AVC. Plus grave encore : dans 14 des 40 pharmacies visitées, absolument aucune question n’a été posée pour s’assurer que l’état de santé du client permettait la délivrance du médicament », dénonce l’UFC-Que choisir.
Pour prévenir le risque d’effets secondaires graves (AVC, accidents cardiaques, syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible, syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible…), même s’ils sont rares, une fiche d’aide à la dispensation a été mise à la disposition des pharmaciens par l’ANSM. Cette dernière a décidé d’aller encore plus loin en octobre 2023, en déconseillant formellement l’utilisation de ces médicaments en vente libre. Au regard des résultats de son enquête de terrain, l’association de consommateurs estime que « trop souvent, le conseil censé être délivré par le pharmacien se résume à un échange commercial lapidaire. (…) Sur les 40 pharmacies testées, une seule s’est fait l’écho de cette recommandation sanitaire et n’a pas vendu le produit », souligne-t-elle de nouveau.
L’UFC-Que choisir le concède néanmoins, « ce test mené dans 40 pharmacies ne se prétend pas représentatif des 20 000 officines réparties sur le territoire français ». Invité à réagir à cette enquête, le président de la section A du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, Bruno Maleine, estime qu’il faudra « sans doute renforcer la communication » auprès des officinaux. « La situation n’est pas forcément confortable pour les pharmaciens car ces médicaments ne sont pas interdits », n’oublie-t-il pas de préciser. Toujours selon l’association de consommateurs, l’ANSM devrait prochainement communiquer une nouvelle fois aux professionnels de santé concernés. L’UFC-Que choisir estime de son côté qu’une seule et unique solution pourrait permettre de clarifier la situation : interdire purement et simplement les vasoconstricteurs oraux contenant de la pseudoéphédrine. Une mesure qu’elle « demande officiellement » aujourd’hui.
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