La Haute Autorité de santé (HAS) a donné son feu vert à la prise en charge par l'assurance-maladie d'applications de suivi des malades du cancer. Selon l'autorité sanitaire, cette mesure pourrait bénéficier à un million de personnes chaque année en France.
L'application Resilience revendique 4 000 patients télésuivis dans 50 hôpitaux en France et en Europe depuis 2021. De son côté, Cureety est utilisée dans une soixantaine d'établissements par plus de 5 000 patients en onco-hématologie. Cet été, la HAS a premièrement rendu un avis favorable sur l'application Cureety, autorisant une prise en charge anticipée par l'assurance-maladie. Puis, en octobre, la start-up Resilience, cofondée avec l'Institut Gustave-Roussy, a obtenu à son tour un avis positif de l'autorité de santé. Concernant Resilience, la HAS estime en effet que « l’intérêt attendu de l’activité de télésurveillance médicale est supérieur au suivi médical conventionnel » et a ouvert la voie à une prise en charge pérenne de cet outil. .
La France est aujourd'hui le seul pays à avoir décidé de rémunérer à la fois les industriels mais aussi les équipes médicales utilisant leurs applications. Pour le Dr Florian Scotté, chef du département d’organisation des parcours patients à Gustave-Roussy, il s'agit d'un « tournant ». « Cette technologie n'est pas seulement un outil digital, elle est gérée par des humains, du personnel. L'arrivée du remboursement va permettre une démocratisation du recours à la télésurveillance car aujourd'hui certains centres ne peuvent pas se la payer », se félicite le Dr Scotté.
Différentes études ont prouvé un bénéfice global de la télésurveillance en oncologie, pointant une amélioration de la qualité de vie et une réduction de la venue aux urgences. Initiée par Gustave-Roussy, l'étude Capri a par exemple mis en exergue une nette baisse des effets secondaires sévères liés aux traitements pour les patients équipés d'un tel système (27,6 % contre 36,9 %) et une réduction des hospitalisations (15,1 % contre 22 %). La seule limite actuelle est l'obligation pour les établissements de santé d'utiliser cette télésurveillance avec du personnel bien formé. « Actuellement, il y a aussi un nombre assez important de fausses alertes, déclenchées par des patients, alors qu'elles ne sont pas forcément justifiées, ce qui mobilise du personnel pour rien, mais, avec le temps, cela va forcément s'améliorer », assure Fabrice Denis, président de l’Institute for smart health et cancérologue au centre Jean-Bernard au Mans.
Principal avantage de ces applications, elles permettent de détecter le plus tôt possible une éventuelle dégradation de l'état de santé du malade et aident ainsi l'équipe médicale, connectée au logiciel, à décider de la meilleure prise en charge. « Les alertes varient en fonction du traitement, par exemple, un début de fièvre pour un patient en début de chimiothérapie peut indiquer une baisse des défenses immunitaires », explique Nicolas Bégin, directeur des opérations de Cureety. « On va pouvoir suspecter d'éventuelles rechutes d'un cancer, assure Paul-Louis Belletante, responsable stratégie chez Resilience. J'ai par exemple en tête un patient qui a signalé sur l'application une douleur dans le rachis. Son équipe soignante l'a aussitôt contacté et a pu détecter une métastase de manière précoce. »
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