Le ministre de la Santé a annoncé que des consultations médicales gratuites seront proposées aux Français à trois âges de la vie. La mesure sera intégrée au prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Permettre aux Français de bénéficier de consultations médicales gratuites à 25, 45 puis 65 ans : c'est l'idée défendue par le ministre de la Santé, François Braun, afin de renforcer la prévention en matière de santé. « On entre dans l’ère de la prévention », a expliqué le ministre dans une interview accordée ce dimanche 18 septembre au « Journal du dimanche ».
La première consultation sera destinée aux patients âgés de 25 ans. Elle visera essentiellement à « faire le point sur les vaccins, l'activité physique, d'éventuelles addictions ou les difficultés liées au début de la vie professionnelle ». L’objectif sera également d'alerter ces patients sur « la nécessité d'avoir un médecin traitant et sur le risque cardiovasculaire ». À 45 ans, la consultation sera axée sur « la nécessité de participer au dépistage du cancer du sein, du côlon ou de la prostate » et permettra de faire « un bilan sur l'activité physique et d'éventuels troubles de la santé mentale ». Enfin, à 65 ans, « la prévention de la perte d'autonomie, le dépistage des cancers et de toutes les maladies qui peuvent être prévenues » seront évoqués.
Avant même que cette mesure ne soit intégrée à la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale, de premières critiques ont déjà été entendues, notamment du côté des syndicats de médecins libéraux. Interrogé par « Libération », Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la Fédération des médecins de France (FMF) estime que les questions qui seront abordées dans les trois consultations sont déjà évoquées par les généralistes lorsqu'ils reçoivent leurs patients. Dans les colonnes du « Parisien », Michèle Legeas, professeur honoraire de l’École des hautes études en santé publique, regrette, elle, que ce projet ne permette en rien de soigner l'un des principaux maux dont souffre le système de santé français : la désertification médicale. « Si derrière ces consultations gratuites, il n’y a pas d’accès à des spécialistes, cela ne servira pas à grand-chose », fait-elle remarquer.
Du côté des représentants de l'officine, ces consultations gratuites soulèvent aussi quelques interrogations. « Sur le fond l'idée est bonne mais comment cela pourrait se mettre en place en pratique alors que le temps médical est rare ? Comment va-t-on caser les très nombreux patients qui n'ont pas de médecin traitant ? », se demande le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Pierre-Olivier Variot. Pour lui, les solutions pour favoriser l'accès aux soins se situent ailleurs. « L'essentiel, c'est de renforcer la coopération entre professionnels de santé », juge-t-il. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) est, lui, un fervent défenseur du projet et pour cause, il était déjà à l'origine d'une proposition d'article 51 sur ce même sujet il y a déjà plusieurs années aux côtés de l'URPS Pharmaciens d'Occitanie. Désormais, il attend que le pharmacien puisse être impliqué. « Les trois âges de la vie auxquels seront proposées ces consultations correspondent aux moments où doivent être effectués les rappels vaccinaux. Or, ces rappels, nous allons pouvoir les proposer. Pour certains sujets, une consultation médicale est nécessaire mais il faudra également que le sujet de la prévention puisse être abordé en officine », avance-t-il. Pour l'instant, François Braun n'a pas évoqué un quelconque rôle du pharmacien par rapport à ces rendez-vous médicaux de prévention, mais Philippe Besset pense que les officinaux seront les mieux placés pour repérer les patients qui auront le plus besoin de ces consultations. Sur la question du rôle du pharmacien, rien n'est encore figé, veut croire Philippe Besset. « On a du temps pour avancer sur cette question ».
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