Comme toutes ses camarades, Suna Bascalli, étudiante en 3e année à la faculté de pharmacie de Paris Saclay, est très motivée. « J’ai toujours voulu faire de l’humanitaire, car c'est une expérience extrêmement enrichissante, et c'est une chance incroyable de pouvoir vivre ça. » Ainsi, la future pharmacienne a directement postulé dès qu'elle a pris connaissance de l'initiative.
Qui, heureusement, se conjugue plutôt bien avec les échéances universitaires. « Mes partiels sont terminés, je vais donc pouvoir y consacrer du temps. La mission est en août, ce qui nous laisse 3 mois pour récolter des fonds, lancer les campagnes de sensibilisation, planifier nos actions sur place et échanger avec nos camarades des autres associations. »
Un enjeu régional crucial
Car il y a beaucoup à faire. Au Sénégal, et dans une grande partie de l'Afrique, les faux médicaments sont un fléau, et représentent 40 % des médicaments utilisés sur le continent. L'automédication, qui concerne 2 Sénégalais sur 10, se révèle parfois plus une gêne qu'une aide. « 15 % des hospitalisations à Dakar seraient dues à l’automédication. Un de nos objectifs est de sensibiliser la population à cette question, notamment les femmes enceintes et allaitantes », indique Suna Bascalli.
Pour ce faire, les étudiantes se sont réunies afin de planifier leurs actions. Quatre classes thérapeutiques ont été sélectionnées dans le cadre de la sensibilisation à mener : antibiotiques, antipaludéens, antipyrétiques et anti-inflammatoires. « Nous prévoyons de procéder sous la forme d’activités ludiques pour être dans l’échange et la collaboration avec les Sénégalais. Par exemple, nous avons pensé à des jeux de rôles mettant en scène des situations (mal de tête, fièvre, mal au dos, mal au ventre, plaie suintante, douleurs abdominales…) pour réfléchir et comprendre quel comportement adopter », explique Suna Bascalli.
Expliquer comment utiliser les médicaments, dans quelle situation, comment les conserver… Au total, les étudiantes toucheront plusieurs centaines d'habitants de Dakar et des villages alentour. Une grande responsabilité, mais Suna est confiante : « J'ai déjà participé à des opérations de prévention sur des sujets de santé publique, notamment auprès des enfants, pendant la crise Covid. »
Particularité du projet, son aspect interprofessionnel, puisque des étudiants en chirurgie dentaire feront partie de l'aventure. Un aspect apprécié de toutes : « Généralement, on ne rencontre pas beaucoup d'étudiants d'autres secteurs de santé. Mais nous travaillons tous dans le même but, et découvrir de nouvelles personnes et disciplines apporte beaucoup à nos connaissances respectives. C'est quelque chose de très bien, mais pas encore assez développé. Je pense qu'on est encore trop souvent dans l'entre-soi. »
Une cagnotte en ligne a également été lancée sur HelloAsso pour ceux qui souhaitent donner un coup de pouce aux étudiantes pendant leur mission.
* Un projet de solidarité internationale associant l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), l'Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD) et l’Association des étudiants en pharmacie du Sénégal (AEP.Sn).
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