Pari tenu. Après plusieurs années de décroissance, la marge de l'officine est stabilisée. C'est en tout cas le constat auquel aboutit l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le syndicat, seul signataire de l'avenant n° 11 à la convention pharmaceutique, déclare avoir franchi le cap qu’il s’était fixé en ratifiant l'accord conventionnel avec l'assurance-maladie, à l’été 2017.
Le mécanisme qui vise à affranchir la rémunération officinale du poids des ventes de médicaments au profit des honoraires de validation de l’ordonnance a prouvé son efficacité, se félicite l’USPO, chiffres de l’étude IQVIA à l’appui. Les projections établies à partir de données Pharmastat sur 14 000 pharmacies démontrent que la réforme a permis à chaque officine de sauvegarder 4,9 % de sa rémunération. En effet, sans l’avenant n° 11, en moyenne, une pharmacie aurait subi une inflexion de son revenu de l’ordre de 5 150 euros. Les plus préservées dans cette chute étant les officines de passage et périurbaines.
À l’échelle du réseau officinal, les scénarios dégagent un différentiel de 113 millions d’euros, selon qu'ils tiennent compte ou non de la réforme de la rémunération. Une projection d’IQVIA démontre ainsi que, sans la réforme, l’année 2018 se serait soldée par une marge brute de 4,8 milliards d’euros au lieu des 4,9 milliards d’euros effectivement réalisés. La marge brute (prix HT) se stabilise donc au niveau de 2017, et ce alors que le volume de boîtes a de nouveau régressé en 2018, à 2,41 milliards contre 2,46 milliards en 2017 (2,52 milliards en 2016).
La baisse de rémunération contenue à 741 euros par pharmacie (15,71 millions d’euros pour le réseau officinal), contre 8 240 euros en 2017, représente-t-elle pour autant une victoire ? « Nous sommes sortis de la spirale mais sommes encore dans le négatif », convient le président de l'USPO, Gilles Bonnefond, à l'occasion des 11es Rencontres organisées par son syndicat le 30 janvier.
La FSPF demande de déclencher la clause de revoyure
De son côté, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) continue d’affirmer que le compte n’y est pas. Certes, le syndicat n’arrive pas exactement au même résultat que l’USPO, évaluant la baisse de la rémunération à plus de 25 millions d’euros en 2018. Mais la tendance est bien la même.
Il s’agit cependant de la rémunération réglementée, précise son président, Philippe Gaertner, c’est-à-dire la marge réalisée sur le médicament présenté au remboursement, sans les remises. Et pour lui, pas de doute, « avec une rémunération réglementée en baisse de plus de 25 millions d’euros en 2018, ces données confirment que les 70 millions d’euros promis par l’assurance-maladie lors de la signature de cet avenant ne sont pas au rendez-vous ». Le président de la FSPF ne conteste pas le fait que la modification de la MDL en vigueur en 2018 apporte bien 70 millions d’euros au réseau, mais, pour lui, ces résultats montrent que, comme il le craignait, ce montant est largement insuffisant pour compenser les baisses de prix et l’augmentation des charges. « En considérant l’impact global des mesures qui touchent l’officine, le manque à gagner pour 2018 avoisine les 100 millions d’euros », affirme Philippe Gaertner, qui demande, dans ces conditions, le déclenchement dès maintenant de la clause de revoyure afin de redresser la barre. « Avec l’avenant n° 11, la CNAM s’est engagée à rouvrir une négociation à partir de 2021 si la rémunération globale du réseau, englobant les marges, les honoraires, les ROSP, les remises génériques et le CICE, diminuait d’au moins 1 % par rapport à 2016, rappelle le président de la FSPF. Nous sommes aujourd’hui dans ce cas de figure. »
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