LEUR RÉPONSE est tombée mardi matin : les administrateurs de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) considèrent « de façon très majoritaire » qu’il existe de réelles avancées dans la proposition d’évolution de la rémunération présentée aux syndicats la semaine dernière par l’assurance-maladie, indique son président, Philippe Gaertner (« le Quotidien » du 14 octobre). Celle-ci prévoit la transformation du forfait à la boîte de 53 centimes d’euros en honoraire, assortie d’une augmentation de 47 centimes d’euros, fixant ainsi cet honoraire à la boîte à 1 euro. Le projet de l’assurance-maladie comporte également la création d’un honoraire de dispensation de 0,50 euro pour les ordonnances complexes de plus de cinq lignes, pour lesquelles les officinaux remettront aux patients un plan de posologie. Au total, ce sont 47 % de la rémunération actuelle qui basculeraient sous forme d’honoraires, soit environ 2,5 milliards d’euros. Cette évolution de la rémunération s’effectuant à périmètre constant, des modifications des seuils des différentes tranches de la marge dégressive lissée (MDL) sont également envisagées. « Une large partie de la rémunération reste liée à la boîte ; mais une autre partie, les honoraires perçus pour les ordonnances complexes, devient complètement détachée des prix et des volumes », souligne Philippe Gaertner. Un projet conforme aux orientations souhaitées par son syndicat. « Contrairement à ce que l’on nous avait soumis jusqu’à présent, cette proposition à un sens et mérite d’être regardée de près », estime-t-il.
Un impact à évaluer.
« Rien n’est à rejeter d’emblée, mais il faut être très prudent », affirme pour sa part Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le passage de 47 % de la rémunération sous forme d’honoraires ? « Tout cela se discute », répond Gilles Bonnefond. Alors pourquoi le président de l’USPO parlait-il d’échec des négociations à l’issue de la réunion de la semaine dernière ? « Avant de s’engager dans cette voie, il faut d’abord procéder à des simulations pour connaître le plus précisément possible l’impact, officine par officine », explique-t-il. Car, à ses yeux, le plan de l’assurance-maladie pour réformer la rémunération des pharmaciens, qui revient à augmenter le prix des médicaments inférieurs à 1,84 euro et à baisser celui de tous les autres, n’est pas sans risque pour les officines. « Attention au miroir aux alouettes, lance Gilles Bonnefond. Nous demander d’éditer un plan de posologie à 50 centimes pour les ordonnances de plus de cinq lignes, alors que la suppression de la vignette risque de se faire sans compensation, n’est pas acceptable en l’état. » En fait, avant d’aller plus loin dans les discussions avec l’assurance-maladie, il souhaite fixer deux préalables : la signature d’un contrat économique pluriannuel avec l’État, et la modification de l’article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2014 sur les remises génériques. « Sans visibilité pour les deux ou trois ans à venir, et sans s’assurer que chaque pharmacie ne perdra pas ses revenus provenant de la coopération commerciale, on ne peut pas prendre de risques supplémentaires », affirme Gilles Bonnefond qui a lancé, avec l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), l’opération « Voici les clés… pour ouvrir les négociations ou fermer les pharmacies » (voir encadré). Pour lui, en indiquant qu’elle allait étudier la proposition de l’assurance-maladie, avant même d’avoir évalué les impacts sur les pharmacies, la FSPF a fait sauter un préalable et mis en péril l’action intersyndicale. « La FSPF capitule, alors que le débat sur le PLFSS 2014 débute et que les véritables négociations n’ont pas encore commencé », déclare le président de l’USPO.
Des points de convergence.
« J’ai toujours considéré l’intersyndicale comme un lieu de discussions dont l’intérêt est de mettre en commun les points de convergence, indique de son côté Philippe Gaertner. Et il existe encore des points de convergences entre les syndicats. Les divergences portent aujourd’hui sur l’analyse de ce qui nous a été proposé par l’assurance-maladie et sur la stratégie à adopter. » Le président de la FSPF considère ainsi que les négociations sur l’évolution de la rémunération et la remise en cause des contrats de coopération commerciale, sont deux dossiers bien distincts. Ces contrats « sont essentiels à l’équilibre économique des officines, insiste Philippe Gaertner. C’est un point que nous partageons avec les autres organisations, mais que nous ne réglerons pas dans le cadre des négociations conventionnelles avec l’assurance-maladie. Cela dépend d’une modification législative » que la FSPF appelle d’ailleurs de ses vœux.
La cassure entre les syndicats ne semble pas irrémédiable. Mais chacune des organisations paraît bien décidée à œuvrer à sa façon. En espérant que les pouvoirs publics ne profitent pas de cette apparente division pour, finalement, ne rien changer.
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