Le décret « services » est enfin paru au « Journal officiel ». Une bonne nouvelle pour la profession qui attendait cela depuis neuf ans. Car ce texte va, entre autres, offrir la possibilité aux officinaux de proposer des services rémunérés tels la préparation des doses à administrer (PDA) ou la dispensation de médicaments à domicile.
« Ce texte permet aux pharmaciens d’officine de valoriser leurs compétences et de proposer à leurs patients des prestations facultatives ne relevant pas systématiquement du champ conventionnel », indique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Selon lui, il crée les conditions favorables à la rémunération des prestations déjà réalisées à l’officine (PDA, etc.) et des nouveaux services qui pourront être proposés aux patients, hors champ conventionnel. « À nous d’être imaginatifs », lance Philippe Gaertner. Grâce à ce décret, « nous allons désormais pouvoir ouvrir des négociations sur la PDA et la dispensation à domicile avec l’assurance-maladie », souligne de son côté Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), même si, selon lui, la PDA nécessite encore l’établissement d’un référentiel de « Bonnes pratiques ». Il ajoute : « Mais rien n'interdit que l'on ait aussi des contrats avec les complémentaires santé. »
Une officialisation de pratiques
Le président de l’USPO considère également que ce texte va mettre fin aux polémiques autour de la pratique d’actes de prévention et de dépistage par les pharmaciens. « Nous avions le droit de réaliser ses actions mais ce n’était pas écrit noir sur blanc, rappelle-t-il. C’est désormais chose faite. Ce qui signifie qu’à chaque fois que nous ferons des tests de dépistage nous arrêterons de subir les agressions d’autres professions. » Gilles Bonnefond se félicite également que le décret précise la participation du pharmacien à la coordination des soins (et donc aux futurs CPTS*), à l’information du public et à l’évaluation en vie réelle des médicaments. Pour Philippe Gaertner, cette dernière mission « confirme, une nouvelle fois, le rôle du pharmacien d’officine en tant que garant de la sécurité des produits de santé ».
La publication de ce texte n’a pas échappé non plus aux futurs diplômés. Guillaume Racle, vice-président chargé des Perspectives professionnelles à l’ANEPF**, se dit en phase avec le sens de ce décret. « Celui-ci légifère un certain nombre de pratiques actuelles et ouvre de nouveaux axes, estime-t-il. Nous attendons maintenant que des choses concrètes en découlent. » « L’approche retenue pour sa rédaction a été pragmatique : définir des grandes actions d’accompagnement et de suivi suffisamment larges pour permettre à chaque pharmacien de se saisir du texte, expliquait récemment la ministre de la Santé Agnès Buzyn (notre édition du 4 octobre). Une liste exhaustive aurait rapidement été contraignante. »
Quelques regrets
Quoi qu’il en soit, les discussions ont été âpres avec les pouvoirs publics et « la première version était inacceptable », explique Gilles Bonnefond. Celle-ci limitait notamment l’amélioration de l’observance à la mise à disposition du patient d'un plan de prises. « Nous avons réussi à rétablir les choses », se félicite Gilles Bonnefond, affirmant que ce texte offre la possibilité à la profession d’entrer dans la stratégie de transformation du système de santé voulue par le président de la République. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un regret : le décret ne prévoit pas de rôle au pharmacien dans la prise en charge de la personne âgée en perte d’autonomie. La FSPF déplore, elle, que l’utilisation par l’officinal des outils numériques ne soit pas abordée, à l’heure de la digitalisation de la santé et des négociations conventionnelles sur la télémédecine à l’officine. Le syndicat aurait également souhaité que « le décret intègre certaines missions susceptibles d'être exercées au domicile du patient par le pharmacien d’officine, comme la gestion de l’armoire à pharmacie, l’évaluation des besoins des patients en termes de matériel médical (MAD) ou la livraison à domicile ».
* Communautés professionnelles territoriales de santé.
** Association nationale des étudiants en pharmacie de France.
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