Alain Puthon est médecin généraliste à Mougon (Deux-Sèvres) depuis 40 ans. À 67 ans, il souhaite prendre sa retraite avant la fin de l’année 2016. À ce jour, ses recherches pour trouver un successeur sont restées infructueuses.
Récemment, il a même choisi de mettre en vente son cabinet médical sur le site Leboncoin, ce qui lui a valu une large médiatisation dans la presse locale et nationale. Mais pour le médecin, ces différents reportages ont introduit une certaine confusion : « L’annonce sur Leboncoin ne concerne que la vente du bâtiment, et non la clientèle ou l’équipement médical. »
Cet édifice de 265 m2 aux allures de maison de santé, a été construit au début des années 1990 par le Dr Puthon et son ancien associé, aujourd’hui retraité. « Nous avions misé sur l’avenir et sur le fait que ce bâtiment confortable pourrait nous permettre d’accueillir de nouveaux confrères », explique le médecin. Une démarche d’autant plus pertinente que la population de la commune était, et est toujours, en pleine croissance, imposant une offre médicale plus étoffée.
« Du fait de la proximité avec Niort, la population de Mougon a presque doublé en 30 ans et atteint aujourd’hui 2 183 habitants, sans compter les nombreux villages et hameaux alentours. » Pour diverses raisons, les différentes expériences d’association ont cependant échoué, laissant le Dr Puthon seul à exercer dans ce cabinet médical.
De multiples conséquences
À ce jour, la commune compte au total trois médecins. Pour la pharmacienne du village, le Dr Béatrice Mazin, le non-remplacement d’Alain Puthon serait pénalisant pour elle, mais surtout pour la population mougonnaise. « De nombreuses familles, avec des jeunes enfants, sont venues s’installer ici pour profiter d’un contexte immobilier plus favorable qu’à Niort, tout en bénéficiant d’infrastructures idéales, qu’il s’agisse des services publics ou privés. La perte d’un médecin serait véritablement préjudiciable pour les habitants. L’offre de prise en charge se trouve aujourd’hui menacée », estime-t-elle.
Depuis son installation, il y a 6 ans, elle tente de sensibiliser la municipalité sur cette situation et aide le médecin dans sa recherche. « Nous avons envoyé une centaine d’annonces dans les facultés de médecine. Récemment, nous avons décidé d’utiliser les réseaux sociaux en créant un compte Twitter, et bientôt une page Facebook. »
D’un point de vue économique, les conséquences seraient également redoutables. « Le chiffre d’affaires de la pharmacie sera logiquement impacté par l’arrêt de l’activité d’un des principaux prescripteurs. Certains confrères qui ont connu une situation identique peuvent malheureusement en témoigner », explique notre consœur. Plus précisément, deux emplois sont en jeu, dont celui de la secrétaire médicale du Dr Puthon. À la pharmacie, un des postes de préparatrice, qui sera prochainement à la retraite, pourrait ne pas être remplacé.
Une maison de santé ?
Le médecin, très soutenu par son épouse, et la pharmacienne souhaitent aujourd’hui que la municipalité prenne ses responsabilités dans ce dossier. Pour eux, « l’idéal serait que la commune rachète les locaux. Cette solution pourrait décider des médecins ou des professions paramédicales à venir s’installer ».
Une réunion entre le maire, Alain Puthon, Béatrice Mazin et d’autres professionnels de santé est d’ailleurs prévue pour que les 1 250 patients ayant déclaré le Dr Puthon comme médecin traitant ne se retrouvent pas sans médecin. Un entretien avec Delphine Batho, députée de la circonscription, est également programmé. En revanche, l’agence régionale de santé semble aujourd’hui absente de ce dossier.
De son côté, Béatrice Mazin reste optimiste et essaie d’anticiper les difficultés économiques : « J’ai fait rénover mon officine, pour la rendre plus attractive. J’essaie également de développer de nouveaux segments de marché, dont les laits infantiles qui constituent une demande croissante. » Pour conserver cette motivation et cette envie d’entreprendre malgré le contexte, la titulaire deux-sévrienne a rejoint récemment le réseau de pharmaciens HPI.
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