Il aura fallu près de deux ans pour connaître les conclusions de l’expérimentation menée de novembre 2014 à novembre 2015 dans 100 pharmacies (75 expérimentatrices et 25 témoins). Publiée dans la revue américaine « PLOS ONE » le 19 septembre dernier, l’étude met en avant que la dispensation à l’unité des 14 spécialités antibiotiques concernées par ce test a été utile dans 60 % des cas, a réduit de 9,9 % le nombre de comprimés fournis et a amélioré l’observance.
Mais au sein de la profession des doutes s’expriment, d’une part sur la méthodologie de l’expérimentation, et donc sur la validité de ses résultats, et d’autre part sur le bien-fondé de la dispensation à l’unité face à la perte de traçabilité et aux risques d’erreurs liés à la manipulation des médicaments. Si l’expérimentation voulue par la ministre de la Santé de l’époque, Marisol Touraine, était soutenue par l’Ordre des pharmaciens, le doute se faisait aussi sentir du côté des syndicats. Ainsi, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) se déclarait favorable à cette mesure anti-gaspillage mais sous certaines conditions, tandis que l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) s’y opposait fermement.
Mettre fin au gâchis
Alors que le dispositif semblait tombé dans l’oubli, il refait surface au moment de la campagne présidentielle. Trois candidats s’emparent du sujet, en particulier le futur Président Emmanuel Macron qui y voit le moyen de « mettre fin au gâchis, pour le porte-monnaie des Français et pour les comptes publics ». Une idée repoussée par les industriels qui, par la voix de leur syndicat, le LEEM, rappellent que le nombre de comprimés par boîte est déterminé en France par la Haute Autorité de santé (HAS) en fonction de la posologie de référence à laquelle le prescripteur doit se référer.
Début juin, recevant pour la première fois les deux syndicats de pharmaciens depuis sa nomination, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a surtout montré son intérêt à résoudre le gaspillage de médicaments, la mauvaise observance et l’impact sur l’environnement. « Elle attend des propositions, des alternatives à la dispensation à l’unité », explique la FSPF. « Si l’on propose des solutions plus intelligentes, plus efficaces et plus utiles que de prendre une paire de ciseaux, l’affaire sera entendue », indique l’USPO. Interrogée sur le sujet le 26 septembre, Agnès Buzyn a expliqué que la dispensation à l’unité est une mesure « intéressante mais complexe ». Favorable à « tout ce qui permet de faire des économies à la Sécurité sociale et éviter la gabegie de médicaments », Agnès Buzyn s’inquiète en effet de la perte de traçabilité inhérente à la dispensation à l’unité.
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