La probabilité d’apparition d’épidémies de dengue, de chikungunya et de Zika dans les cinq prochaines années est particulièrement élevée, alerte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
Le moustique tigre (Aedes albopictus), désormais implanté partout en France, fait courir un réel danger au système de santé français, selon une expertise publiée le 13 septembre par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), qui rappelle qu’il y a eu autant de cas de dengue autochtone en 2022 que durant les dix années précédentes cumulées.
Au point que, selon les experts, qui se sont focalisés sur les virus transmis par le moustique tigre, « une épidémie d’arbovirose, tous virus confondus, a une probabilité comprise entre 6 et 7 sur une échelle de 0 à 9 de survenir dans les cinq prochaines années ».
Une perspective particulièrement inquiétante puisque selon l’agence, les moyens de prévention et de contrôle des arboviroses ne sont pas suffisants : « Certains acteurs impliqués dans le suivi et la lutte anti-vectorielle que nous avons interrogés au cours de l’expertise nous ont confié qu’ils auraient été débordés si des cas supplémentaires étaient survenus ces dernières années », indique Véronique Raimond, économiste de la santé au sein de l’ANSES et co-coordonnatrice de l’expertise.
Face à une épidémie majeure ou la survenue parallèle d’une autre crise (comme celle du Covid-19), c’est même tout le système de santé qui se retrouverait en tension, alerte l’agence, qui partage 23 recommandations. Parmi elles, une meilleure valorisation de l’expérience des départements et régions d’Outre-mer, la mise en place d’un plan interministériel de lutte contre ces maladies et une meilleure sensibilisation de la population.
D’autres pistes d’améliorations concernent directement les officinaux, comme la constitution de stocks importants de paracétamol dans les pharmacies de ville, voire l’implication des pharmaciens dans la participation à la réalisation de tests PCR (comme lors de la crise de Covid-19) ou de tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) ciblant les arboviroses. De plus, il est proposé de les intégrer dans un schéma de coopération ville-hôpital afin de coordonner les prises en charge en fonction des besoins des patients. Par ailleurs, « la mise en place d’une politique de détection et de recherche des individus contaminés constituera également une opportunité pour les pharmaciens », note l’ANSES, qui constate aussi qu’une épidémie pourrait entraîner une augmentation des téléconsultations en pharmacie.
Cette alerte de l’ANSES n’est pas isolée. En effet, il y a quelques mois, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (COVARS) avait prévenu qu’il fallait s’attendre, au fil des années, à une hausse des cas des maladies vectorielles en métropole, et appelé à une meilleure coordination des acteurs dans le cadre de la surveillance mise en place.
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