La profession s’unit et passe aux actes. C’est plus que jamais le cas avec les projets de grève des gardes et de manifestation qui se profilent en ce mois de janvier. Cette mobilisation collective a commencé l’été dernier, où tous* ont signé d’une seule main le « Manifeste pour défendre la pharmacie d’officine », pour rouvrir les discussions avec le gouvernement et sensibiliser les élus locaux aux menaces qui planent sur le réseau officinal. Dans la foulée, la grande consultation nationale de la pharmacie d’officine (voir ci-contre) est lancée pour faire un état des lieux et recueillir des propositions pour l’avenir, et une affiche est proposée aux pharmaciens pour informer les patients des risques de déstabilisation du réseau officinal.
Cette première étape de la mobilisation de la profession porte ses fruits. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) sont reçues le 21 juillet par le cabinet de la ministre de la Santé Marisol Touraine. Ce dernier annonce une réunion de travail pour la rentrée, dès que le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur la régulation de la répartition géographique des officines sera connu. Non conviée, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) décide de se désolidariser de ce « simulacre de front commun ».
Compenser les pertes
La rentrée se fait sous le sceau de l’inquiétude : la lettre d’orientation au président du Comité économique des produits de santé annonce une nouvelle fois des baisses de prix de médicaments, à quoi s’ajoute le projet de baisse de prix de plus de 250 produits inscrits à la LPPR. Sans surprise, la présentation du PLFSS 2017 fin septembre s’appuie sur des économies sur le médicament de 1,43 milliard d’euros, que la FSPF qualifie de « carrément insupportable pour l’officine ». Mais les économies sont bien votées trois mois plus tard. Les syndicats parlent d’un impact global sur l’officine de 142 à 152 millions d’euros et réclament « la compensation intégrale des pertes ». En contrepartie, Marisol Touraine annonce un accompagnement financier pluriannuel pour la mise en œuvre de la prochaine convention pharmaceutique, dont le début des négociations est fixé au 22 février.
Ombre au tableau, le projet d’ordonnance pour le réseau officinal, présenté le 1er décembre, s'appuie sur le rapport IGAS-IGF dévoilé mi-novembre et met la profession en colère. Elle s’oppose à la réintroduction de la voie dérogatoire pour l'ouverture d’une officine, ainsi qu’à l'abandon du critère principal de résidence de la population pour déterminer l'ouverture des officines lors des créations ou des transferts, pour privilégier lieux de passage usuels, de consommation ou d'implantation commerciale. Cette « mauvaise ordonnance » pour le réseau est la goutte d’eau qui s’ajoute à un PLFSS drastique sur le médicament, aux baisses de prix proposées par le CEPS et à l’attente de la lettre d’orientation de la ministre de la Santé pour la future négociation conventionnelle. La profession, réunie en décembre, envisage des actions coups de poing en janvier.
* FSPF, USPO, UNPF, Ordre des pharmaciens, CNGPO, UDGPO, Federgy, ANEPF, APR.
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