Pour la première fois, l’audience des organisations professionnelles d’employeurs a été mesurée au niveau national et interprofessionnel, ainsi qu’au niveau des branches professionnelles.
L’enjeu est crucial, puisque le poids de chaque organisation dans la négociation sociale en dépend. Le socle de la mesure de l’audience patronale est le nombre d’adhésions des entreprises. Celle-ci détermine les organisations représentatives pour les quatre prochaines années.
Au niveau national et interprofessionnel, le MEDEF (Mouvement des entreprises de France) arrive en tête et pèsera 70,72 % dans la signature des accords. Puis la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) avec 25 %. L’U2P (Union des entreprises de proximité) – issue de la réunion de l’UPA (Union professionnelle artisanale) et de l’UNAPL (Union nationale des professions libérales) – arrive en troisième position avec un score de 4,22 %. Ce palmarès est le résultat d’une pondération établie sur la base de deux critères : le nombre d’entreprises adhérentes à chaque confédération (30 % dans le poids final) et le nombre de salariés de ces entreprises adhérentes (70 %).
Un recul social, selon l'USPO
Sans remettre en cause ces résultats, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), déplore « un recul social puisque les professions libérales ne seront plus spécifiquement représentées mais diluées au sein de l’U2P qui rassemble les commerçants et les artisans, donc des entités qui n’ont pas les mêmes intérêts ». Et comme le poids de l’U2P au niveau interprofessionnel est résiduel (avec 4,22 %), « la marge de manœuvre dans le dialogue social sera quasiment nulle, avec un droit d’opposition majoritaire détenu par le MEDEF ». Autre effet collatéral jugé délétère, « l’adhésion de l’UNAPL à l’U2P retire les professions libérales, y compris la branche de la pharmacie, du champ de la négociation multiprofessionnelle. Or c’est à ce niveau qu’étaient discutées les positions communes et spécifiques des professions libérales. En basculant à l’interprofessionnel, l’identité des professions libérales disparaît, c’est une condamnation », estime Gilles Bonnefond, qui dénonce « la position arbitraire de l’UNAPL, sans aucune concertation ».
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 4 mai, l’USPO a listé une série de points litigieux qu’elle soumet au Directeur général du travail, notamment : pourquoi l’adhésion de l’UNAPL à l’U2P a-t-elle été prise en compte alors qu’elle est intervenue en dehors des délais légaux ? Pourquoi l’exclusion du niveau multiprofessionnel a-t-elle été portée tardivement à la connaissance des syndicats ? « Les règles du jeu ont changé pendant l’enquête de représentativité et cela est inacceptable ! Nous allons nous battre pour défendre les professions libérales contre l’UNAPL », promet Gilles Bonnefond. L’USPO réclame l’ouverture d’une enquête administrative « afin de déterminer dans quelles conditions de tels arrangements ont pu avoir lieu ».
La FSPF satisfaite
À l’inverse, la FSPF exprime clairement sa satisfaction. En effet, Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et président de la commission des affaires sociales de l’U2P, livre une analyse diamétralement opposée. « Rejoindre l’interprofessionnel est un avantage considérable puisque nous pourrons faire entendre notre voix au plus haut niveau du dialogue social, affirme-t-il. Mieux vaut jouer en première division qu’en deuxième ! » Pour lui, la présence au niveau multiprofessionnel est sans intérêt, « c’est être relégué à un rôle de spectateur puisqu’il n’y a pas de participation à la table des négociations, mais une simple information ».
La position est évidemment partagée par Michel Chassang, président de l’UNAPL : « À l’interprofessionnel, nous aurons la possibilité de siéger et de signer des accords déclinés ensuite dans les branches, alors que dans le périmètre du multiprofessionnel, nous étions dans une représentativité intermédiaire. » Seul bémol, les pouvoirs publics ont finalement pris en compte le nombre de salariés à hauteur de 70 % au détriment du nombre d’adhérents, ce qui procure au MEDEF un avantage surdimensionné. La légitimité de l’U2P est toutefois incontestable.
Concrètement, pour les pharmaciens, « cela permettra d’être présent avec les grosses centrales patronales dans les négociations sociales avec le prochain gouvernement », assure Philippe Denry, président de la commission des Relations sociales et de la Formation professionnelle de la FSPF, avant de conclure : « cela n’entraîne aucun changement sur les dispositions de la convention collective nationale de la pharmacie d’officine ».
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