LA COQUELUCHE semblait être une maladie devenue marginale. Il n’en est rien. La bactérie responsable de l’infection, Bordetella pertussis, tient bon. En fait, c’est la vaccination qui a peu à peu réduit le nombre de malades à une portion congrue. « En France, le premier vaccin, à germes entiers, Vaxicoq, a été introduit en 1959, suivi en 1966 du vaccin tétravalent Tétracoq », rappelle Nicole Guiso, microbiologiste à l’institut Pasteur. Mais au début des années soixante-dix, les pays abandonnent progressivement la vaccination après le décès de deux fillettes au Japon après avoir été vaccinées. « Au Japon, huit ans après avoir abandonné la vaccination, on est passé de 200 à 13 000 cas diagnostiqués. Les enquêtes menées par la suite ont prouvé que le décès des deux fillettes n’était pas lié à leur vaccination », ajoute Nicole Guiso. Le mal est fait. Et l’infection reprend de la vigueur dans les pays dits industrialisés et dont la couverture vaccinale était bonne. Depuis le début des années 1980, des recrudescences de cas sont observées régulièrement aux États-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada… La France n’est pas épargnée. Considérée jusqu’alors comme une maladie pédiatrique, la coqueluche se retrouve dans toutes les tranches d’âge, même si les nourrissons sont les plus touchés, contaminés par des adolescents et des adultes dont l’immunité a baissé. Après avoir abandonné la vaccination en 1986, la France y revient en urgence. D’autant que les nouvelles données sur la pathologie mettent à mal un certain nombre d’idées reçues, au premier rang desquelles on trouve la croyance que l’immunité à la coqueluche est effective à vie après avoir eu l’infection ou le vaccin. En fait, elle ne dure qu’une dizaine d’années.
Rares effets secondaires.
Les flambées épidémiques observées aujourd’hui ont clairement pour cause l’abandon de la vaccination un peu partout dans le monde. Une aberration pour Nicole Guiso qui explique que « les effets secondaires sont rares, inférieurs à un pour 10 millions, et sont absolument tous réversibles. La seule contre-indication au vaccin est l’allergie ou l’encéphalopathie d’origine virale. Il faudrait rappeler aux mouvements anti-vaccins le nombre de morts chez les non-vaccinés, les complications comme la pneumonie, la toux terrible qu’elle provoque… En 2001, la première cause de décès chez les moins de 3 mois n’est autre que la coqueluche ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la coqueluche touche 50 à 70 millions de personnes et tue 300 000 enfants chaque année, faute de vaccination.
Face à l’évolution de la transmission de la maladie, la France a introduit en 1998 le rappel tardif à réaliser entre 11 et 13 ans, et en 2004 un rappel pour les jeunes parents, les personnes à risques et le personnel de santé en contact avec des nouveau-nés. De même un rappel est conseillé à 25 ans et peut intervenir plus tard s’il n’a pas été fait à 25 ans. Enfin, dans le cadre de la stratégie dite de cocooning, les personnes ayant un projet parental ou ayant dans leur entourage un nourrisson de moins de 6 mois, ont tout intérêt à se faire vacciner pour protéger l’enfant. D’ailleurs, on propose aussi aux personnes qui ont reçu le vaccin à l’âge adulte depuis plus de 10 ans, de faire un rappel anticoquelucheux.
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