À la veille du verdict de la HAS

Les défenseurs de l'homéopathie mobilisés

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Publié le 17/06/2019
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À quelques jours du verdict de la Haute Autorité de santé (HAS) sur le remboursement de l'homéopathie, les défenseurs de cette thérapeutique tentent de faire valoir leurs arguments auprès des autorités et sur le terrain médiatique.
homéopathie

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Crédit photo : phanie

La Haute Autorité de santé rendra son avis définitif sur le maintien ou non du remboursement de l'homéopathie le 28 juin. En attendant, des experts des laboratoires Weleda, Boiron et Lehning ont été auditionnés par la HAS dans le cadre de la procédure contradictoire. Et un collectif composé de 17 organisations vient de publier un Livre blanc (téléchargeable sur le site du Syndicat national des médecins homéopathes français : www.snmhf.net) pour défendre la place que doit selon eux occuper l'homéopathie dans l'offre de soins. Une initiative saluée par le Dr Alain Toledano - oncologue radiothérapeute et fondateur de l’Institut Rafaël - pour qui l'homéopathie a « toute sa place, en complément des traitements allopathiques, notamment pour soulager les nombreux symptômes des patients atteints de cancer ».

De leur côté, médecins, pharmaciens et industriels ont livré leur point de vue lors d'une table ronde. En partant d'un constat : le remboursement des médicaments homéopathiques représente une part infime (0,29 %) du coût des remboursements (tous médicaments confondus) pour la Sécurité sociale. Plus globalement, il ne représente que 0,06 % des dépenses de santé. D'après Anabelle Flory-Boiron, directrice France du Laboratoire Boiron, leur déremboursement coûterait plus cher aux finances publiques. « Les patients pris en charge par des médecins homéopathes coûtent, en moyenne, 35 % de moins à la Sécurité sociale. Par ailleurs, il suffirait d'un report de 10 % des prescriptions de médicaments homéopathiques vers d’autres médicaments remboursables pour que l'économie escomptée soit annulée (…) Au vu de ces données, pourquoi créer une médecine à deux vitesses, réduisant l'accès aux médicaments homéopathiques aux seules personnes pouvant se les payer ? »

Le rôle clé du pharmacien

Le pharmacien, quant à lui, joue un rôle de coach et d'accompagnement au sein de l'équipe pluridisciplinaire qui prend en charge le patient. « Lorsque celui-ci vient nous voir en officine pour la prise en charge d'un symptôme - et qu'il nous demande des thérapeutiques autres qu'allopathiques - nous devons être à l'écoute et répondre à sa demande si nous l'estimons légitime », indique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Outre ses qualités d'écoute, l'officinal doit participer à l'instauration de la confiance relative aux médicaments. « Ainsi, il nous arrive qu'un patient nous présente une ordonnance contenant des médicaments homéopathiques et qu'il nous demande notre avis sur cette dernière. Notre rôle est de lui expliquer la démarche homéopathique du prescripteur. Sans conseil et sans explication, nous risquons de rompre la chaîne de confiance relative à ces traitements », note Philippe Besset.

Utilisée dans le cadre de l'automédication, l'homéopathie est une alternative thérapeutique pour traiter des symptômes bénins. « Dans ce cadre, le principal intérêt de l'homéopathie, c'est son innocuité. En effet, le premier souci qui doit guider le pharmacien est de ne pas nuire à ses patients : « primum non nocere ». Un principe primordial, notamment lorsque nous délivrons des médicaments aux populations fragiles ou vulnérables : enfants, femmes enceintes et personnes âgées », précise Philippe Besset. L'homéopathie présente un autre avantage de taille : celui de ne pas favoriser les interactions médicamenteuses. Cette question est l'une des préoccupations permanentes du pharmacien. « Par ailleurs, l'homéopathie peut être utilisée pour soulager certains symptômes sans provoquer d'effets secondaires. Cette possibilité est précieuse pour tous les patients qui présentent des pathologies graves et souffrent déjà d'effets secondaires importants liés à certains traitements conventionnels », conclut Philippe Besset.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3528