Le Quotidien du pharmacien. - Les pharmaciens sont-ils formés aux entretiens anticancéreux oraux et prêts à les mettre en place ?
Alain Guilleminot. - À l’UTIP, nous proposons plusieurs formations en cancérologie, qui sont en général assez demandées par les pharmaciens : elles représentent environ 20 % des demandes en temps normal… Mais pas en ces temps de Covid-19 où la formation n’est pas au cœur des préoccupations des officinaux. En revanche, ces formations ne présentent pas exactement le contenu des futurs entretiens pharmaceutiques, car il n’est pas encore connu. Il faudra donc attendre la signature de l’avenant 21 entre l’assurance-maladie et les syndicats pour en connaître tous les détails. À ce moment, nous adapterons nos formations et nous verrons une augmentation des demandes des pharmaciens pour les formations sur ces nouveaux entretiens.
Comment imaginez-vous ces nouveaux entretiens pharmaceutiques ?
Même si le pharmacien peut évidemment les initier seul, je pense qu’ils ne pourront se développer dans le temps qu’à conditon d’être intégrés dans un parcours de soins coordonnés. En d’autres termes, pour que ces entretiens marchent, il faudra que les cancérologues orientent les patients, dès leur sortie de l’hôpital, vers le pharmacien, en leur indiquant que ce dernier pourra les suivre dans leur parcours de soins. Ainsi, il y aura peu de déperdition de patients.
Donc l’entretien pharmaceutique doit s’inscrire, pour vous, dans l’exercice coordonné ?
Tout à fait. Et les pharmaciens doivent prendre conscience que l’exercice coordonné est dans l’air du temps, que les financements vont être de plus en plus ciblés vers les professionnels de santé intégrés dans un exercice coordonné. Il faut donc s’inscrire dans cette logique. D’autant plus que certaines structures d’exercice coordonné sont très simples à mettre en place. Par exemple, pour une ESP, il suffit d’avoir un médecin et un autre professionnel de santé. Néanmoins, la présence du médecin est indispensable et il existe effectivement certains territoires où ces derniers ne sont pas présents, ce qui peut bloquer certains confrères.
Des expérimentations sur les entretiens pharmaceutiques anticancéreux oraux ont-elles été menées dans certaines régions ?
Pas à ma connaissance, mais dans les Pays de la Loire, avec l’URPS, nous allons lancer au mois de septembre l’étude de recherche IPPACTTO (pour « intervention pharmaceutique dans le parcours de soins coordonné du patient atteint de cancer et traité par thérapie orale »). Cette étude inclura 396 patients cancéreux, qui seront orientés par 6 centres de cancérologie de la région vers les officinaux pour réaliser des entretiens sur les anticancéreux oraux. Les pharmaciens seront rémunérés pour inclure les patients, réaliser des bilans de médication, des entretiens pharmaceutiques et remonter les informations aux centres de soins. Il y aura un bras « entretien pharmaceutique » et un bras « contrôle », dans lequel les patients seront suivis de façon classique. Avec cette étude, on devrait mieux cerner les avantages apportés par des entretiens pharmaceutiques pour ces patients.
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