L’objectif est posé. Devant les députés, Gabriel Attal a annoncé le 30 janvier « un projet de loi au printemps pour déverrouiller certaines professions (…) comme la vente en ligne de médicaments par les pharmacies ». Déjà envisagée par Emmanuel Macron il y a 10 ans lorsqu’il était encore ministre de l’Économie, de nouveau évoquée par son successeur à Bercy, Bruno Le Maire, il y a 4 ans, la mise en place de règles plus souples concernant la vente de médicaments sur Internet a repris de l’épaisseur ces dernières semaines. Depuis quelque temps déjà, une rumeur de plus en plus persistante évoque un projet de loi en préparation, porté par le député de la majorité Marc Ferracci, et dont l’objet serait de s’attaquer aux professions réglementées. Un texte dont on ne connaît pas le contenu précis à ce jour. Les déclarations de Gabriel Attal semblent néanmoins confirmer que l’exécutif a bien une idée derrière la tête…
La possibilité d’une libéralisation de la vente des médicaments en ligne met déjà en alerte l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) qui met en garde contre « la création d’un « Amazon » de la pharmacie ». Le syndicat estime que « la libéralisation de la vente en ligne est inutile dans la mesure où les patients ont tous facilement accès à leur pharmacie. Sous prétexte de simplifier l’accès aux soins, elle fera du médicament un bien de consommation comme les autres, menacera la présence, pourtant indispensable, des pharmacies sur les territoires et aggravera l’empreinte carbone de notre pays ». Un tel dessein serait « contraire à l’objectif affiché par le gouvernement et l’assurance-maladie de sobriété médicamenteuse », déplore l’USPO. Le syndicat présidé par Pierre-Olivier Variot appelle l’exécutif à recevoir au plus vite les représentants de la profession et rappelle au passage que les pharmaciens avaient su se mobiliser massivement en 2014 et en 2020 contre des projets similaires. Il pourrait donc en être de même cette année si la menace se précise…
Comme il l’a été confirmé lors d’une conférence de presse qui a suivi le discours du Premier ministre, le gouvernement souhaiterait précisément permettre aux pharmacies qui vendent des médicaments en ligne de mutualiser leurs moyens. Dans l’idée, seuls des médicaments de prescription médicale facultative (PMF) pourraient être commercialisés sur ces plateformes en ligne. Pas suffisant pour convaincre la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Nous sommes défavorables à cette possibilité, nous ne comprenons toujours pas à quoi cela pourrait bien servir », explique Philippe Besset. Le président du syndicat, qui tente depuis plusieurs jours d’obtenir une entrevue avec la nouvelle ministre du Travail et de la Santé pour aborder la question de l’équilibre économique de l’officine, s’apprête donc « à remonter au créneau et à repartir dans un cycle d’explications » pour rappeler aux décideurs en quoi une libéralisation de la vente en ligne des médicaments serait nocive pour la profession.
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