Les résultats de l'étude épidémiologique révèlent que 27 % des femmes qui ont eu recours à cet acte ont ressenti des douleurs très intenses au 3e jour de l’IVG (notées 8 et plus sur une échelle de 10). Pour faire face à ces douleurs, 83 % des patientes ont consommé des antalgiques (AINS et paracétamol) durant les cinq jours du traitement. Toutes les femmes n'évoquent pas le même ressenti. L’intensité des douleurs est corrélée à trois facteurs, explique Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, chercheur épidémiologiste à l’INSERM, et co-auteure de l'étude : « la nulligestité des patientes, l’antécédent de règles douloureuses et la dose du premier principe actif prescrit, la mifépristone. Nous avons observé que les femmes ayant reçu une dose de 200 mg de mifépristone avaient des douleurs plus intenses que celles ayant eu une dose de 600 mg, il est donc important d'améliorer le protocole médicamenteux. » Plusieurs femmes évoquent le manque d'informations sur les effets secondaires liés au traitement, comme les saignements et la fatigue. En effet, l’expulsion de l’œuf s’accompagne de saignements d’intensité variable qui persistent longtemps. Ils sont perçus comme inquiétants par 27 % des femmes interrogées. La fatigue est l’effet secondaire le plus fréquent (88 %). Au total, 94 % des femmes ont déclaré au moins un de ces symptômes, nausées, vertiges, céphalées, diarrhées, vomissements, dans les cinq jours qui ont suivi l’IVG.
Être à l'écoute avec bienveillance
Le volet sociologique conduit par l'université de Nantes décrit les parcours de femmes, de la découverte de la grossesse jusqu'après l'IVG. La démarche d'avorter n'est pas facile et la prise de décision est loin d'être évidente. Ainsi 21 % des femmes interrogées déclarent avoir été indécises, 15 % ont été incitées un peu ou fortement par leur entourage, et pour 9 % le partenaire a ignoré la grossesse. « Il est intéressant de constater que les femmes qui recourent à l'IVG sont en situations psychoaffective et psychosociale plus défavorables (vulnérabilité, violences au sein du couple couverture sociale insuffisante, précarité) que celles qui décident de poursuivre la grossesse. Le constat est identique pour les femmes qui ont des IVG répétées », témoigne Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles.
Il ne faut pas généraliser ni banaliser l'IVG médicamenteuse, les femmes doivent pouvoir choisir leur méthode en fonction de leur vécu et de leur contexte de vie. La qualité de l'accueil et de l'accompagnement a une incidence subjective sur l'appréhension de la douleur. « Les femmes attendent de l'empathie et des explications sans subir un discours moralisateur ou réprobateur. Il faut soutenir des unités d'accueil qui soient bienveillantes pour permettre aux femmes de mieux vivre cette épreuve psychologiquement difficile », insiste le Dr Philippe David, gynécologue-obstétricien au centre IVG Clotilde Vautier à Nantes qui a piloté l'étude.
* Étude comportant une enquête épidémiologique menée par l'INSERM auprès de 453 femmes entre 2013 et 2014 dans 11 centres d'IVG de France, et une enquête qualitative locale conduite par l'université de Nantes.
D'après une conférence de presse de la Fondation de l'Avenir.
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