Sans surprise, les officines font face à une recrudescence de demandes en hydroxychloroquine au comptoir. Le point sur la délivrance, ou pas, de ce traitement.
Le sujet agace. Les pharmaciens témoignent très largement sur les réseaux sociaux d’une recrudescence de prescriptions d’hydroxychloroquine présentées au comptoir. Si chacun tente la pédagogie pour expliquer que ce traitement n’est pas, à ce jour, homologué pour le traitement du COVID-19, d’autres se demandent sur quelle base légale refuser de le dispenser. Sur Twitter, l’entraide bat son plein. Ainsi, un pharmacien rappelle l’article R 4235-61 du Code de la santé publique pour motiver le refus : « Si l’intérêt de la santé du patient lui paraît l’exiger, le pharmacien doit refuser la dispensation tout en informant immédiatement le prescripteur de son refus et en le mentionnant sur l’ordonnance ».
Les pharmaciens appellent pouvoirs publics, autorités sanitaires et Ordres des pharmaciens et des médecins à réagir. À l’image de la communication de l’Ordre des pharmaciens du Québec vendredi dernier, qui a officiellement demandé aux médecins d’arrêter de prescrire de la chloroquine ou hydroxychloroquine dans le COVID-19 en rappelant l’état actuel des connaissances scientifiques et aux pharmaciens de les refuser sauf s’ils ont confirmation qu’elle est prescrite dans une condition chronique. Une déclaration suivie aujourd’hui par celle de l’Institut national d’excellence en santé et en services de santé (INESSS) du Québec.
Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a pris la parole ce matin sur BFM pour appeler les Français à ne pas venir « chercher de l’hydroxychloroquine parce qu’il y a des personnes qui en ont besoin dans d’autres pathologies et il faut leur réserver » et aux médecins « tant qu’il n’y a pas de consigne des autorités de santé, ne prescrivez pas l’hydroxychloroquine chez les patients qui ne la prennent pas au long cours ». Il ajoute : « Nous avons besoin des médicaments parce que la vie continue et les pathologies dont souffrent certains de nos concitoyens continuent aussi ».
En France, les sociétés savantes, comme la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), se sont emparées du sujet en mettant en perspective l’essai ouvert mené par le Pr Raoult et en rappelant que les connaissances actuelles ne permettaient absolument pas de recommander l'hydroxychloroquine associée à l’azithromycine dans le COVID-19. Les essais cliniques se mettent en place, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué samedi que les premiers résultats sont attendus dans une quinzaine de jours. D’ici là, pas de prescription et donc pas de délivrance de ce médicament hors autorisation de mise sur le marché (AMM). Un rappel qu’ont également tenu à faire les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) dès dimanche.
Malgré toutes ces précautions, ce que certains qualifient de « communication insensée du Pr Raoult », et notamment son appel à venir se faire dépister du COVID-19 à La Timone pour recevoir si besoin ce traitement a été largement entendu. Ce matin, une file d’attente sans fin s'étalait devant l’hôpital marseillais. Et ce malgré les préventions de l’AP-HM qui a appelé vendredi chacun à rester chez soi… Un non-sens aux yeux des nombreux officinaux qui doivent faire face à des ruptures de stock et craignent de ne pouvoir délivrer ce traitement aux patients qui le suivent au long cours. Le laboratoire Sanofi, titulaire de l’AMM du Plaquenil (hydroxychloroquine), a indiqué qu’il assurerait la mise à disposition de son médicament à ces patients, mais des pharmaciens soulignent aujourd'hui qu’ils ne parviennent pas à joindre le laboratoire.
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