Le Pr Philippe Cinquin, professeur en santé publique et chercheur CNRS-Inserm, en liste une dizaine : le lavage avec un détergent à 60 ou 95 °C, le passage en autoclave, un procédé de stérilisation qui expose les masques à 121 °C pendant 50 minutes, l'irradiation par des rayonnements gamma ou bêta, l'exposition à l’oxyde d’éthylène et un chauffage à 70 °C en chaleur sèche ou dans l’eau.
« Dans un premier temps, j’ai tout de suite pensé à l’irradiation par des rayons gamma, un procédé utilisant des photons de très haute énergie, que nous avions utilisé dans le cadre d’un projet sur les biopiles à glucose pour l’alimentation en énergie de dispositifs médicaux implantables », explique-t-il dans un entretien au CNRS.
Le CHU Grenoble-Alpes a ainsi collecté des masques usagers avant de les compacter sous vide dans un laboratoire du service de virologie. Les essais d'irradiation ont commencé dès le 20 mars. En parallèle, les chercheurs du CEA-Saclay et du Centre de recherches sur les macromolécules végétales du CNRS étudient les conséquences d’une irradiation de leur matériau constitutif, en l’occurrence du polypropylène.
D'autres voies de décontamination sont aussi testées dans le même temps, par exemple les stérilisations bêta (avec des faisceaux d'électrons) et le traitement à l'oxyde d'éthylène, par l'industriel Ionisos.
L’efficacité des traitements différente selon les types de masque
Selon les premiers résultats, les masques chirurgicaux conserveraient leurs performances après un lavage jusqu’à 95 °C. Avec l'autoclave et les rayons gamma, la perte d'efficacité de filtration est inférieure à 2 %, « ce qui conduit les meilleurs masques usagés et traités testés à de meilleures performances que celles de masques neufs moins bons », commente le Pr Cinquin.
En revanche, les rayons gamma ne conserveraient pas les performances des masques FFP2, pour lesquels il faudrait davantage recourir à un traitement à l’oxyde d’éthylène.
Enfin, la chaleur sèche à 70 °C semble détruire très efficacement une charge virale calibrée déposée sur des masques chirurgicaux et FFP2, selon le Pr Cinquin.
La combinaison du lavage et d'autres méthodes de désinfection devrait être prochainement testée, tout comme la vapeur de peroxyde d’hydrogène et le plasma d’oxygène. Les chercheurs s'emploient aussi à définir pour les deux types de masque la méthode de traitement la plus adaptée, à grande ou moyenne échelle. « Si on peut imaginer un traitement par autoclave au sein des CHU, une irradiation ou une exposition à l’oxyde d’éthylène nécessitera un processus plus centralisé », prévient le Pr Cinquin.
Le consortium participe à un groupe de travail interministériel piloté par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, sur la collecte, le traitement et la remise en service des masques.
* impliquant des médecins, scientifiques et industriels issus du CNRS, du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), du IMT Atlantique, de l’Inserm et de l’université Grenoble-Alpes,
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