Battue de justesse lors du second tour des élections législatives, Brigitte Bourguignon a confirmé qu'elle quitterait le gouvernement et son poste de ministre de la Santé et de la Prévention, trente jours seulement après son arrivée. Alors que de nombreux dossiers brûlants sont sur la table (crise des urgences hospitalières, maternités, projet de loi pour maintenir certaines mesures après la fin de l'état d'urgence sanitaire…), plusieurs noms circulent pour lui succéder.
C'est une défaite que la majorité présidentielle n'avait pas vu venir. Battue pour 56 voix dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais, Brigitte Bourguignon doit renoncer à son poste au gouvernement, comme il est d'usage lorsqu'un ministre échoue aux élections législatives. Durant son éphémère passage au ministère de la Santé, Brigitte Bourguignon aura simplement eu le temps d'annoncer de premières mesures pour juguler la pénurie de soignants à l'hôpital (heures supplémentaires payées double, élèves infirmiers « immédiatement » employables), avant un été qui s'annonce difficile, sur fond de reprise épidémique et de crise aux urgences, dans les établissements psychiatriques ou encore dans les maternités. Parmi les autres missions qui attendent le ou la futur(e) ministre de la Santé, il y aura également la « grande concertation » que le chef de l'État entend lancer dès juillet sur le thème de la santé. Il devra aussi porter le projet de loi visant à maintenir certaines mesures anti-Covid introduites par l'état d'urgence sanitaire, qui prend fin le 31 juillet. Pour l'exécutif, il est donc urgent de trouver un successeur à Brigitte Bourguignon.
Parmi les noms annoncés pour venir s'installer Avenue de Ségur, celui de Nicolas Revel revient avec insistance. Ancien directeur général de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) entre 2014 et 2020, directeur de cabinet du Premier ministre Jean Castex lors des deux années suivantes, le haut fonctionnaire de 56 ans semble avoir un profil tout indiqué et compte quelques solides partisans, notamment parmi les syndicats de médecins. Proche d'Emmanuel Macron, Nicolas Revel était pourtant destiné à occuper un autre poste avant la défaite inattendue de Brigitte Bourguignon. Son arrivée à la tête de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), pour prendre la suite de Martin Hirsch, était considérée comme acquise, de source gouvernementale. C'était avant le second tour des élections législatives.
Après avoir échoué à obtenir la majorité absolue, le parti présidentiel va devoir tenter de s'allier avec d'autres partis pour gouverner et notamment vers « Les Républicains ». Deux membres de ce parti sont d'ailleurs évoqués pour prendre les commandes du ministère de la Santé, dont Philippe Juvin, réélu ce dimanche député des Hauts-de-Seine. Le maire de La Garenne-Colombes est médecin anesthésiste-réanimateur, chef des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou et professeur de médecine. Omniprésent dans les médias durant la crise du Covid, il est peut-être celui qui est le plus connu du grand public. Autre cadre de LR pressenti Jean Rottner, président du Conseil régional du Grand Est depuis 2017. Praticien hospitalier urgentiste au Centre Hospitalier de Mulhouse au début de sa carrière, il a ensuite dirigé le pôle de médecine d'urgence Samu-Smur entre 2005 et 2009 avant d'être élu maire de Mulhouse. Autre prétendant classé à droite, Arnaud Robinet. L'actuel maire de Reims a quitté LR en fin d'année dernière pour rejoindre « Horizons », le parti créé par l'ex-Premier ministre, Édouard Philippe.
Également membre du parti « Horizons », Frédéric Valletoux vient d'être élu député de Seine-et-Marne et dirige depuis plus de dix ans de la Fédération hospitalière de France. L'évocation de son nom Avenue de Ségur a déjà suscité une levée de boucliers parmi les syndicats de médecins. Frédéric Valletoux plaide en effet pour les gardes obligatoires et l'installation régulée des médecins libéraux. Sa nomination constituerait « une déclaration de guerre », prévient d'emblée Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).
Deux autres noms circulent enfin pour remplacer Brigitte Bourguignon. L'un est bien connu des pharmaciens, il s'agit de Thomas Mesnier, réélu député d'extrême justesse (24 voix d'avance) en Charente. L'urgentiste, rapporteur général de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale et du budget de la Sécurité sociale depuis 2020, a récemment été nommé porte-parole du parti « Horizons ». Enfin, une seule femme apparaît pour l'instant dans la liste des prétendants. Il s'agit de Stéphanie Rist, rhumatologue de profession, et réélue dimanche députée du Loiret. Depuis son arrivée dans l'hémicycle, elle a notamment assuré le co-pilotage d’une mission sur la formation des professionnels de santé et est à l'origine d'une loi visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification.
À ce jour, ce sont donc 7 noms qui ressortent pour occuper le ministère de la Santé sans qu'aucun favori ne se dégage. La possibilité que le ou la futur(e) élu(e) ne figure parmi cette liste n'est pas non plus à exclure.
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