Satisfaits d’être cités en marge du « Pacte de refondation des urgences » parmi les acteurs de ville susceptibles de contribuer à résorber les urgences hospitalières, les pharmaciens restent dans le flou quant aux attentes réelles des pouvoirs publics sur leur intervention et l’élargissement de leurs compétences.
Le sous-titre du « Pacte de refondation des urgences » est explicite. Il mentionne « parce que chacun détient sa part de solution » comme un appel du pied à la médecine de ville pour participer à cette refonte du système. Dans cet objectif, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, mise sur la création sur l'ensemble du territoire d’un Service d’accès aux soins (SAS) recourant à l’interprofessionnalité (voir article « abonné ») et exprime sa volonté d’offrir aux professionnels non-médecins des compétences élargies pour prendre directement en charge les patients.
C’est donc en toute logique que la ministre a puisé ces ressources dans la Loi de santé de juillet 2019 avec le dessein d’en accélérer l’application. La dispensation de médicament de prescription obligatoire (PMO) sous protocole par le pharmacien figure en bonne place dans le texte du pacte. Agnès Buzyn a ainsi promis que quatre protocoles qui concernent les pharmaciens et les infirmiers permettant la prise en charge de pathologies simples devraient être appliqués d’ici à la fin de l’année. De même, elle a annoncé dès cette année la généralisation du dispositif de pharmacien correspondant, permettant de renouveler ou d’adapter des ordonnances prescrites avec l’accord des médecins traitants.
S’ils se félicitent de ce recours élargi au pharmacien, les étudiants en pharmacie ne cachent pas leur impatience. « La Haute Autorité de santé (HAS) devrait rendre un rapport listant les types de dispensations permettant au patient de bénéficier de la dispensation sous protocole par son pharmacien. Cependant aucune temporalité n’a été annoncée quant à la sortie des différents protocoles », s’inquiètent les représentants de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) qui demandent au ministère et à la HAS un engagement sur la date de publication des protocoles.
De son côté, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) approuve les grandes lignes du pacte mais souhaite obtenir quelques éclaircissements. La mise en place du Service d'accès aux soins (SAS) prévoit en effet que les patients puissent connaître, grâce à un outil en ligne, les pharmacies de garde. Or l’organisation du système de garde étant confiée aux syndicats, la FSPF voudrait connaître les modalités envisagées et surtout être entendue pour apporter son expertise dans la construction du SAS.
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