Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, doit rendre public cette semaine les résultats des 2 500 nouvelles inspections menées par la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans le cadre de l'affaire Lactalis.
Lors d'une première vague d'inspections, 44 pharmaciens avaient été épinglés pour avoir détenu des boîtes de laits infantiles potentiellement contaminés par la salmonelle. Certes, il faudra bien regarder dans le détail les procès-verbaux dressés par les inspecteurs de la DGCCRF à l'encontre de ces officinaux, car, selon Gilles Bonnefond, certains inspecteurs semblaient penser que l’alerte concernait l’ensemble des produits Lactalis et pas seulement ceux fabriqués dans l’usine de Craon. Mais le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) le reconnaît, des confrères ont été défaillants et ils devront rendre des comptes. Reste qu’à ces yeux ils ne représentent que quelques cas isolés, et la très grande majorité des pharmaciens ont « fait le job ». Selon lui, le réseau pharmaceutique « est efficace puisque 97 % des professionnels ont éliminé les produits qui étaient potentiellement à risque pour les nourrissons ». Ce qui est loin d’être le cas dans la grande distribution.
Quoi qu’il en soit, le système d’alerte peut encore être amélioré. Pour Gilles Bonnefond, les choses se passent très bien dans les officines lorsque les alertes sanitaires sont pilotées par l’ANSM*, la Direction générale de la santé (DGS) et le dossier pharmaceutique (DP). La situation est quelque peu différente quand l’alerte provient d’un autre ministère, comme dans le cas de l’affaire Lactalis où les ministères de l’Agriculture et de l’Économie étaient aux commandes. « Le dispositif était plus compliqué, avec des retraits en plusieurs séquences et des alertes déclenchées parfois le dimanche », souligne le président de l’USPO, qui considère que les officinaux doivent aussi mettre en place dans leurs entreprises des procédures précises en cas de crise sanitaire.
De son côté, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) estime que les pharmaciens doivent être exemplaires. « En votre qualité de distributeur, il est de votre responsabilité de retirer immédiatement des rayons de votre officine les produits visés qui pourraient s’y trouver, de vous assurer que vous n’en détenez plus, d’informer les consommateurs par voie d’affichage et de contacter votre grossiste-répartiteur afin de mettre en œuvre les mesures de rappel appropriées », indique sur son site le syndicat présidé par Philippe Gaertner.
Des messages d'alerte informatiques
La présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) compte pour sa part s’appuyer sur l’informatique pour parfaire la sécurité au niveau des officines. Très en colère après avoir appris que des produits potentiellement contaminés avaient été retrouvés dans 44 pharmacies, Carine Wolf-Thal a immédiatement demandé aux éditeurs de logiciels qui ne le proposeraient pas encore d’ajouter une fonctionnalité supplémentaire pour éviter la commercialisation de spécialités sous le coup d'un rappel de lots. Elle souhaite qu’un message s’affiche sur les postes des officines en cas de dispensation d’un produit Lactalis rappelé.
Certains éditeurs ont déjà mis en place cette procédure. Virginie Molle-Boissier, directrice marketing et communication de Smart RX, explique ainsi que, désormais, leurs clients vont voir s’afficher sur leurs écrans le message suivant en cas de délivrance d’un produit à retirer de la vente : « Le produit que vous souhaitez dispenser fait l’objet d’un retrait-rappel. Il est interdit de le délivrer. Merci de retourner tous les produits concernés à votre grossiste-répartiteur. » Depuis la semaine dernière, l’ensemble des pharmacies d’officine équipées du LGPI dispose également d’un système de message bloquant « lors de l’appel en vente de l’un des produits Lactalis, que ce soit par leur désignation ou par leur code ACL », indique Denis Supplisson, directeur général délégué de Pharmagest. Il précise que ce dispositif est maintenu jusqu’au 31 mars et pourra être prolongé sur simple demande de l’Ordre des pharmaciens.
« En qualité de vice-président de la Fédération des éditeurs d'informatique médicale et paramédicale ambulatoire (FEIMA), j'ai proposé au CNOP de travailler ensemble sur des dispositifs communs à tous les LGO permettant un pilotage centralisé de ce type d’opération », ajoute Denis Supplisson. « Nous avons l’obligation d’être sur du quasi-zéro défaut, insiste Gilles Bonnefond. On y est presque, mais tout ce qui peut nous aider à atteindre cet objectif, doit être mis en place. »
*Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
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