Selon un rapport de la Cour des comptes, le coût total des tests de dépistage du Covid-19 s'élève à 2,8 milliards d'euros pour l'année 2020. Un chiffre important mais sans commune mesure avec celui de 2021. Pour cette année, la Sécurité sociale a en effet prévu un budget de plus de 6,2 milliards d'euros pour financer les tests, plus que pour l'ensemble de la campagne de vaccination. Il est temps de limiter les dépenses. Annoncée dès le 12 juillet par Emmanuel Macron, la fin de la prise en charge des tests Covid pour tous, tout le temps et quel que soit le motif, se concrétise en ce vendredi 15 octobre. Néanmoins, les patients qui peuvent toujours bénéficier d'une prise en charge sont encore nombreux.
Quels tests peuvent être encore pris en charge ?
Au-delà de la volonté de faire des économies, le changement de doctrine en matière de prise en charge des tests Covid s'accompagne d'un deuxième objectif : inciter les personnes qui ne le sont pas encore (7,5 millions de personnes) à se faire vacciner. Pas question donc de pénaliser financièrement celles ayant un schéma vaccinal complet. Ces dernières peuvent toujours bénéficier d'un test gratuit, quelle que soit la raison qui les pousse à se faire tester. La prise en charge est également maintenue pour les mineurs (désormais concernés par le passe sanitaire s'ils ont plus de 12 ans), les personnes identifiées comme cas contacts par l’assurance-maladie, celles concernées par des campagnes de dépistage collectif, les patients ayant un certificat de rétablissement de moins de six mois et ceux en capacité de prouver que la vaccination leur est contre-indiquée. Pour les non vaccinés, le test n'est désormais remboursé que sur prescription médicale.
Qui paiera son test ?
La liste est beaucoup plus courte. Dans la pratique, seuls les majeurs non vaccinés, non identifiés comme cas contacts par l'assurance-maladie et ne bénéficiant pas d'une prescription médicale devront en fait payer de leur poche leur test Covid.
Comment vérifier le droit à la prise en charge ?
L'officinal doit désormais déterminer si le demandeur pourra bénéficier ou non d'une prise en charge. Les patients vaccinés devront premièrement présenter une preuve de vaccination, numérique ou papier. « Le pharmacien peut ensuite vérifier de visu ou avec TousAntiCovid Vérif, précise Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Il n'y a pas d'obligation à utiliser cette application. Le test est enregistré avec le numéro qui figure sur le passe sanitaire. Si un patient non vacciné utilise le document de quelqu'un d'autre, le résultat du test sera associé au nom de la personne à qui appartient le passe. Pour le pharmacien, il n'y a donc pas de risque d'indus à condition de bien enregistrer le test avec le numéro indiqué sur le passe », ajoute-t-il. La procédure est identique pour les personnes munies d'un certificat de rétablissement de moins de 6 mois et pour celles qui présentent un justificatif de contre-indication à la vaccination. Pour les mineurs, le pharmacien pourra s'assurer de l'âge du demandeur en vérifiant sa pièce d'identité.
Les cas contacts prévenus par l'assurance-maladie, eux, doivent montrer le SMS ou le mail qu'ils ont reçu. La prise en charge est possible jusqu'à 7 jours après réception du justificatif. En cas de doute, le professionnel de santé peut vérifier l’authenticité de la preuve en consultant les données de Contact-Covid.
Enfin pour les majeurs non vaccinés, les officinaux doivent simplement vérifier que l’ordonnance médicale délivrée date de moins de 48 heures. À noter que la prescription n'est, bien sûr, pas renouvelable.
Des documents doivent être transmis par le pharmacien à l'assurance-maladie dans deux cas uniquement : la prescription médicale pour les personnes non vaccinées et le courrier de l'Education nationale pour les lycéens cas contact âgés de plus de 18 ans.
Le prix des tests évolue-t-il ?
Rien ne change à la date du 15 octobre. Les patients qui doivent payer leur test s'acquitteront d'une somme équivalente à celle actuellement prévue par l’assurance-maladie. Le prix des tests antigéniques en pharmacie reste donc fixé à 25,01 euros (30 euros le dimanche) et à 22,02 euros en laboratoire. Le tarif de référence des tests PCR réalisés en laboratoire est lui aussi maintenu à 43,89 euros.
Que deviennent les autotests supervisés ?
C'est aussi l'un des changements de ce 15 octobre. Mis en place en juillet pour offrir un complément aux tests antigéniques, les autotests supervisés ne sont plus remboursés à partir d'aujourd'hui. Ils pourront toujours être achetés au prix de 5,20 euros l'unité, mais ils ne donneront plus accès au passe sanitaire en cas de résultat négatif. Pour obtenir le précieux sésame, seul un résultat de 72 heures issu d'un test antigénique ou PCR est désormais valable.
Les autotests restent pris en charge pour les salariés des services à domicile, les particuliers employeurs et les accueillants familiaux qui travaillent au contact de personnes vulnérables.
Quid de l'Outre-mer ?
La situation sanitaire étant encore préoccupante dans certains territoires, le gouvernement a décidé d'y maintenir la prise en charge systématique des tests Covid. En Guyane, en Martinique et en Guadeloupe, « la fin de la gratuité des tests interviendra avec celle de l’État d’urgence sanitaire ». À Mayotte, « le dispositif de fin de prise en charge des tests ne s’appliquera pas pour le moment du fait de la fragilité du système de dépistage local », précise le ministère de la Santé. En revanche, pour les autres départements et territoires d'Outre-mer, comme la Réunion, les règles sont désormais les mêmes qu'en métropole.
Ces règles sont-elles susceptibles d'évoluer ?
La fin de la prise en charge systématique des tests de dépistage du Covid fait redouter deux risques principaux selon certains épidémiologistes qui ont déjà tiré la sonnette d'alarme. Premièrement : dissuader des personnes non vaccinées d'aller se faire tester, ce qui pourrait les amener à contaminer leur entourage si elles sont positives. Deuxièmement : ne plus pouvoir suivre correctement l'évolution de l'épidémie. Pour le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) une solution aurait pu être envisagée pour éviter ces problèmes. « Si une personne symptomatique non vaccinée ne veut pas payer pour un test, rien ne nous garantit qu'elle va s'isoler avant d'aller voir un médecin, souligne Pierre-Olivier Variot. Nous avions proposé une méthode : faire le test tout de suite, demander au patient de payer et faire une feuille de soins. Charge ensuite à l'assurance-maladie de déterminer s'il faut rembourser ou non. ». Une piste qui n'a pas été retenue mais qui pourrait peut-être resurgir si la situation sanitaire se dégrade.
Combien de tests sont réalisés en ce moment ?
Depuis le début d'automne, 3,5 millions de tests Covid sont réalisés chaque semaine en France. Quant au profil des patients qui se font tester aujourd'hui, Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), estime qu'il s'agit « pour moitié de personnes justifiant d'une raison médicale et, pour l'autre, de personnes souhaitant uniquement obtenir le passe sanitaire ». Comme ses homologues de l'USPO et de la FSPF, le président de l'UDGPO redoute quelques situations tendues au comptoir avec des patients qui n'auront pas compris les nouvelles règles en vigueur. Quoi qu'il en soit, « il faut s'attendre à une baisse importante du nombre de tests après le 15 octobre », estime Laurent Filoche.
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