De l’autre côté des Alpes, les médicaments sont dans la tourmente. Dans un rapport d’une dizaine de pages publié en décembre dernier, la commission d’évaluation du médicament du ministère de la Santé a dévoilé un plan qui doit déboucher sur une économie de quelque 2 milliards d'euros. L’idée : retirer du marché les vieux médicaments qualifiés d’inutiles, et les copies trop nombreuses. Puis introduire un système de contrôle pour éliminer les écarts de prix entre les médicaments identiques et enfin, développer les ventes de génériques et de biosimilaires.
Pour peaufiner ce vaste programme, la commission, composée d’experts italiens comme le Pr Silvio Garattini, chercheur en pharmacologie et professeur en chimiothérapie, et le Pr Giuseppe Traversa, de l’Institut supérieur de la Santé (ISS), s’est appuyée sur une enquête de la revue « Prescrire international ». Un document faisant état d’un millier de copies actuellement commercialisées sur le marché italien. « Environ 70 % des produits pharmaceutiques actuellement commercialisés sur le marché italien sont des copies, cela n’a aucun sens et il faut casser ce cercle vicieux », note le Pr Silvio Garattini.
Liste noire
Dans sa liste noire, la Commission pointe du doigt 21 antidépresseurs, inutiles mais aussi parfois trop coûteux. « Non seulement les prix varient d’un médicament à l’autre, mais en plus leurs effets thérapeutiques sont quasiment identiques », dénonce le Pr Garattini. Le constat est le même pour les antihypertenseurs. « Ils agissent certes de façon différente mais les études n’ont pas démontré qu’un groupe de ces médicaments en particulier a entraîné une baisse évidente du nombre d’AVC », souligne la commission dans son rapport. Les antidouleurs sont également dans la tourmente, « il y en a beaucoup, mais peu ont une valeur ajoutée », estime la commission.
À toutes ces critiques sur l’efficacité des médicaments insérés dans la liste noire des experts (d’où l’idée d’introduire le critère de la valeur thérapeutique ajoutée pour réduire le volume des produits commercialisés), s’en ajoute une autre : celle sur les différences de prix qui plombent les comptes de la Sécurité sociale. L’objectif est donc de corriger ces écarts en introduisant le mécanisme du contrôle des prix. En clair, cela veut dire choisir le prix le plus bas et l’appliquer à tous les médicaments ayant une activité thérapeutique identique.
Campagne pour les génériques et les biosimilaires
Pour réduire l’impact des dépenses, les experts ministériels envisagent également de mettre en place le système des doses personnalisées calculées en fonction de la durée du traitement. C’est dans cette même optique qu'ils préconisent aussi de lancer ponctuellement des campagnes de communication coup de poing afin de développer les ventes de génériques. Car, selon les estimations du ministère de la Santé, les consommateurs dépensent chaque année l’équivalent d’un milliard d’euros pour payer la différence entre les génériques remboursés par l’État italien et les molécules de marque nettement plus coûteuses. Or la difficulté n’est pas de convaincre seulement les patients les plus réticents, mais aussi les médecins. À ce propos, la commission recommande également d’insister auprès des praticiens sur les biosimilaires.
Toujours au chapitre de la réduction des dépenses, les régions pourront désormais rembourser le médicament le moins cher, à moins que le médecin traitant ait choisi de prescrire le médicament princeps. Les autres ne seront plus remboursés.
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