Pour MammoRisk, l’annonce par Marisol Touraine à l’occasion d’Octobre Rose d’une rénovation profonde du dépistage organisé (DO) vers une approche plus personnalisée arrive à point nommé. « MammoRisk est conçu pour évaluer le risque individuel de cancer du sein », explique le Dr Suzette Delaloge, oncologue à Gustave Roussy (Villejuif) qui développe ce nouvel outil en France depuis 3 ans aux côtés de Stéphane Ragusa, PDG de Statlife, et avec le soutien de la fondation ARC.
Alors que seul l’âge est pris en compte dans le DO, MammoRisk aborde les choses sous un angle différent. Ce score repose sur 4 critères : l’âge, les antécédents familiaux de cancer du sein, un antécédent de biopsie mammaire et la densité mammaire. « Ce logiciel permet d’identifier dès l’âge de 40 ans les femmes dont le risque justifie de commencer un dépistage plus tôt que les 50 ans du DO, explique Suzette Delaloge. Pour les femmes à très haut risque, dont le parcours de soins est déjà fléché par la HAS, le logiciel a prévu un questionnaire préalable pour repérer celles qui n’auraient pas encore été identifiées. »
À partir de quel niveau de risque faut-il alors recommander un dépistage ? Et à quel rythme ? « On a pris comme repère le niveau de risque sur lequel a été décidé le DO, c’est-à-dire le risque moyen à 5 ans de cancer du sein à l’âge de 50 ans, explique Suzette Delaloge. Si le risque est supérieur, un dépistage est proposé. On a établi des recommandations à l’IGR sur la base des recommandations européennes et internationales. »
La méthode des « voisins »
L’équipe de MammoRisk fait le pari de la densité mammaire, un pari car ce paramètre est peu connu voire controversé en France. « C’est le 2e facteur prédictif du risque de cancer du sein après l’âge, explique Stéphane Ragusa. Aux États-Unis, les associations de patientes ont contraint les médecins à les informer de leur densité mammaire. C’est un facteur qui reflète l’exposition hormonale de la femme. Une densité élevée est associée à un risque majoré de cancer du sein. »
Pour mettre au point MammoRisk, Stéphane Ragusa a travaillé dès 2008 sur une base de données américaine d’un million de femmes. « C’est la méthode mathématique dite des « voisins », explique Stéphane Ragusa, statisticien et polytechnicien de formation. Si pour 1 000 cas voisins retrouvés dans une base de données, il y a 30 cancers, le risque est estimé à 3 %. »
De retour en France, Stéphane Ragusa a adopté le score sur une base nationale de 300 000 femmes. « Notre modèle prédictif est simple et facile à exporter, poursuit Stéphane Ragusa. Il suffit de l’adapter aux chiffres d’incidence du pays. Les modèles prédictifs précédents étaient peu compréhensibles et difficiles à reparamétrer. Tant et si bien que pour le score de Framingham développé aux États-Unis, les spécialistes en France ont convenu de diviser le risque américain par 2 de façon arbitraire ».
Validation des autorités de santé en attente
Aujourd’hui, MammoRisk ne peut pas être utilisé en routine. « Il doit être validé par les autorités de santé », précise Suzette Delaloge. Le processus en est à ses tout débuts, mais les choses s’accélèrent. MammoRisk a le marquage CE de classe 1 et démarre sa commercilaistion dans plusieurs pays. Plusieurs études sont en cours, dont l’étude d’acceptabilité Riviera lancée en octobre chez 600 femmes auprès de 30 médecins (10 gynécologues, 10 radiologues, 10 médecins traitants) pour des résultats attendus au printemps. La France, sous l’impulsion de l’ocologue, doit participer à une grande étude européenne chez 100 000 femmes, pour comparer le dépistage standard à un dépistage stratifié.
Mais aller vers un dépistage personnalisé ne s’arrête pas à identifier les femmes à risque majoré. « L’idée est aussi d’aller à terme vers une désescalade dans le dépistage pour les femmes à très bas risque, explique Suzette Delaloge. L’apport de la génétique permettrait d’affiner encore les choses, puisqu’avec cette analyse, 35 % des femmes pourraient ne jamais avoir de mammographie ».
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