L'assurance-maladie met en ligne aujourd'hui Data Pathologies, un site dédié à la prévalence des pathologies les plus courantes ainsi qu'à leur prise en charge. Cette cartographie interactive, accessible à tous, permet aussi des comparatifs entre territoires.
Des enseignements précieux peuvent être tirés de l'agrégation de 1,5 milliard de feuilles de soins, scrupuleusement anonymisées, provenant de 66,3 millions d'assurés. Car cet outil lancé ce matin par l'assurance-maladie, sur la base des données de 2020, permet à la fois de suivre dans le temps la prévalence et la prise en charge de 17 pathologies principales et des 57 sous-catégories s'y afférant, mais aussi d'en mesurer la propagation. En effet, une entrée par région et par département livre des indicateurs épidémiologiques intéressants avec des comparatifs entre territoires et également les moyennes nationales.
Il est ainsi possible de scruter la répartition des quelque 168,1 milliards d'euros dédiés en 2020 à la prise en charge de ces pathologies, dont les deux-tiers sont affectés aux 24 millions de malades chroniques, soit un tiers des assurés. Ce poste de dépenses est suivi par celui des hospitalisations ponctuelles, 33,4 milliards d'euros pour 8,2 millions de personnes, soit 4 100 euros en moyenne. Cependant, insiste Thomas Fatôme, directeur général de l'assurance-maladie, les chiffres recèlent aussi d'autres informations. Comme la prévalence inquiétante des maladies mentales, qui touchent 8,4 millions de personnes. Un poste de dépenses de 23,3 milliards d'euros pour l'assurance-maladie et qui dépasse désormais le volume des dépenses dédiées au traitement des cancers, soit 21,2 milliards d'euros, pour 3,4 millions de patients.
La collecte de ces données de 2020 permet également d'analyser l'impact de la pandémie sur la prise en charge des différentes pathologies hors Covid et surtout de confirmer les tendances déjà observées depuis deux ans. Les hospitalisations ponctuelles ont ainsi diminué de 12 %, en lien direct avec les déprogrammations en chirurgie et la fermeture de lits. De même, le Covid-19 a concurrencé certaines pathologies comme l'insuffisance cardiaque et la maladie coronaire. Ainsi, le nombre de patients ayant subi un épisode d'insuffisance cardiaque a diminué de 10,5 % en 2020, tandis que l'augmentation annuelle du nombre de personnes atteintes d'une maladie coronaire a ralenti : +1,5 % en 2020 contre + 2,4 % en 2019.
En revanche, des phénomènes redoutés sont corroborés par les statistiques. C'est le cas de la baisse du dépistage en 2020, matérialisée par un recul de 14 % des mammographies et de 6 % des ablations de tumeurs, qui se traduit par une baisse de l'incidence du cancer du sein de 3 %, du cancer du poumon de 1 %, et du cancer colorectal de 5,1 %. Au-delà de ces chiffres en trompe-l’œil, d'autres tendances baissières apparaissent. C'est le cas des maladies respiratoires chroniques dont l'incidence a diminué de 7,8 % et la prévalence de 1,4 %, correspondant à 51 000 patients en moins.
Si l'on peut se féliciter de ces effets indirects des mesures liées à la pandémie (confinement, distanciation sociale, port du masque…), d'autres indicateurs sont à la hausse. C'est notamment le cas des traitements psychotropes identifiés par au moins trois délivrances des quatre catégories de traitement repérés. 127 000 nouveaux patients ont été inclus, soit une hausse de 9 %, alors que les années précédentes avaient enregistré une baisse de 2 % de ces effectifs. Par conséquent, les dépenses de prise en charge augmentent de 6,2 % contre + 1,9 % en 2019.
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