Popularisée par un célèbre président américain qui occupait la Maison Blanche il y a encore quelques mois, l’expression « fake news » est aujourd’hui omniprésente dans les médias. Comme ce fut le cas à d’autres époques lorsque la peste ou le choléra décimaient les populations, le Covid-19 génère un lot considérable de théories fumeuses, parfois inventées et relayées par des personnes mal intentionnées.
Les nombreuses questions encore sans réponse sur la pandémie actuelle, la complexité de certaines informations pour le grand public et le besoin impérieux de comprendre ce que nous traversons expliquent aussi pourquoi des personnes animées des meilleures intentions finissent par croire des théories mensongères, ou en partie fausses. Une problématique qui n’est pas propre au seul Covid-19, mais également à toutes les questions en rapport avec la santé. Ce qui n’est parfois pas sans conséquence sur l’adhésion aux traitements et donc sur la santé des personnes concernées.
Complotisme
« On peut distinguer deux catégories, relève Anthony Masclé, étudiant en pharmacie et invité d’un colloque organisé par le Lab médicament et société sur le thème des « fake news ». Premièrement, ce qui relève de l’information partielle ou mal interprétée, ce qui est assez courant. Le biais le plus important que nous rencontrons dans notre société, c’est ce qu’on pourrait définir comme "l’appel à la nature". Les pharmaciens y sont confrontés avec les huiles essentielles qui font l’objet de beaucoup de mésusages. Ensuite, on a ce qui relève davantage du "complotisme", c’est cela qui est les plus dangereux, avec notamment des prédicateurs qui proposent des solutions pouvant conduire des patients à arrêter leurs traitements », résume Anthony Masclé.
Comme l’observe Olivier Saint-Lary, médecin et président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), « il y a aujourd’hui énormément d’informations et ce sont les plus courtes qui restent le plus. Comme l’a montré une étude du MIT, les fake news sont huit fois plus reproduites que les informations validées, souvent parce qu’elles sont plus concises et plus punchy. Tout ce qui est simplificateur nous parle plus », explique-t-il. « Même les médecins ont tendance à lire le titre, l’abstract et rarement l’article en entier quand ils consultent la publication d’une revue scientifique. » Il est donc difficile de trouver des solutions concrètes pour lutter contre ce qui nous pousse parfois à déformer les informations que nous recevons, y compris quand l’on est professionnel de santé. « L’un des biais serait d’agir sur la formation des étudiants, estime Olivier Saint-Lary. On a déjà progressé depuis que l’on propose la lecture critique d’article dans le programme de tous les étudiants en médecine. Ces cours les forment à aller regarder ce qui fait le fondement scientifique d’un article. C’est un élément sur lequel il faut continuer à travailler et peut-être faudrait-il même l’élargir au-delà du seul cercle des médecins », propose Olivier Saint-Lary. Et pourquoi pas aux étudiants en pharmacie à qui ce type de cours est beaucoup moins souvent, voire pas du tout proposé ?
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