« La mise à disposition à la fin de l’été dernier du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) Gardasil 9 conduit à une indispensable réflexion sur la prévention des maladies liées au HPV », indique le Pr Robert Cohen (Créteil), qui a participé à un workshop francophone sur ce thème lors du dernier congrès Eurogin.
La première génération de vaccin contre les papillomavirus (Gardasil et Cervarix) était susceptible de prévenir environ 70 % des cancers liés aux HPV. Avec le Gardasil 9 on passe globalement à 90 %, qu’il s’agisse du cancer du col et des autres cancers gynécologiques (vagin, vulve), des cancers anaux et des cancers ORL liées à ces virus.
« La vaccination contre le HPV a initialement été présentée comme celle contre le cancer du col de l’utérus, qui est dans 99 % des cas lié à ce type de virus, rappelle le Pr Robert Cohen. Il est certes le principal cancer lié aux HPV, mais il ne représente que 50 % des cancers liés à ces virus ».
La démonstration de l’efficacité de la vaccination a été faite d’abord vis-à-vis du cancer du col. Depuis, les nombreux travaux ont mis au jour l’implication du HPV dans la physiopathogénie de nombreux autres cancers. « Cela modifie complètement les stratégies vaccinales et fait notamment poser la question de la vaccination des garçons, poursuit le Pr Cohen. Les cancers ORL liés au HPV touchent plus souvent les hommes, le cancer anal plus souvent les femmes, mais globalement on estime que les hommes sont concernés par au moins un quart, si ce n’est un tiers des cancers liés aux HPV. La vaccination des garçons doit donc s’envisager non plus seulement dans un seul objectif altruiste ».
Les études cliniques ont confirmé les bonnes immunogénicités et tolérance de la vaccination HPV chez les garçons, et aujourd’hui, une vingtaine de pays occidentaux ont adopté la vaccination universelle. C’est le cas des États-Unis, du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de plusieurs pays d’Europe du Nord, du Royaume-Uni ou encore de la Suisse.
En France, la Commission technique des vaccinations (CTV) s’est saisie du sujet. « La vaccination est encore largement sous-utilisée chez les filles. Faut-il d’abord améliorer la couverture vaccinale chez les filles puis l’étendre aux garçons ? Ou faut-il relancer la vaccination en ciblant filles et garçons ? », interroge le Pr Cohen, qui plaide plutôt pour la seconde approche. L’analyse médicoéconomique est en cours, en sachant qu’une couverture vaccinale élevée ferait baisser le coût unitaire de la vaccination.
L’âge optimal de la vaccination est un sujet d’importance. Les adolescents fréquentent moins le corps médical. « Nous avons un carrefour vaccinal à 11 ans, qui pourrait permettre, à l’occasion du rappel DTCP, de faire la première dose de vaccin HPV et éventuellement le rattrapage des vaccins contre l’hépatite B et le méningocoque C », indique le Pr Cohen avant de préciser que la co-administration du vaccin HPV avec le DTCP a été validée dans des études.
À côté du choix de l’âge cible, se pose aussi celle des infrastructures. « Tous les pays qui ont un fort taux de couverture vaccinale, de plus de 80 %, sont passés par un programme de vaccination scolaire », rapporte le Pr Cohen. En France, il y a une réelle pénurie de personnel dans les écoles et collèges, et un antécédent qui a laissé des traces, celui de la vaccination contre l’hépatite B qui s’est soldée par un échec.
Congrès Eurogin à Lisbonne.
Entretien avec le Pr Robert Cohen, hôpital intercommunal (Créteil).
Liens d'intérêt : le Pr Robert Cohen déclare des liens d'intérêt avec AstraZeneca, GSK, Medimmune, Merck, MSD, Pfizer et Sanofi Pasteur.
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