Les résultats très prometteurs du vaccin contre le Covid-19 développé par le laboratoire américain Pfizer et la start-up allemande BioNTech suscitent l'enthousiasme de la communauté scientifique et des médias. Si ces données doivent encore être consolidées, les autorités sanitaires françaises réfléchissent dès maintenant à la stratégie d'utilisation des futurs vaccins, mais aussi au rôle que joueront les professionnels de santé de ville auprès des patients.
Dans combien de temps le vaccin de Pfizer et BioNTech sera-t-il officiellement homologué et mis sur le marché ? Quelle durée d'immunité et d'innocuité offrira-t-il ? Est-il capable de prévenir l'apparition du Covid-19 ? Voilà quelques-unes des nombreuses questions qui restent en suspens après la publication du communiqué de Pfizer et BioNTech, le 9 novembre. Une efficacité évaluée à 90 %, au-delà des espérances des scientifiques les plus optimistes, il n'en fallait pas plus pour enflammer les médias, la Bourse et la sphère politique. Des « résultats extraordinaires », comme s'en est réjoui le PDG de BioNTech, qui n'ont bien sûr pas échappé aux autorités sanitaires françaises, déjà en pleine réflexion quant à la stratégie à définir une fois que ce vaccin, ou un autre, sera disponible. La possibilité de permettre aux pharmaciens de vacciner la population contre le Covid-19 est en tout cas déjà envisagée.
Quelques heures après l'annonce de Pfizer et de BioNTech, la Haute Autorité de santé (HAS) a tout d'abord officialisé le lancement d'une consultation publique « afin de recueillir les avis des principaux acteurs du champ de la vaccination ». Associations de patients, sociétés savantes, ordres des professions de santé, syndicats… sont tous invités à apporter leur contribution, jusqu'au 30 novembre, sur le site Internet de la HAS. « Pour ne pas perdre de temps lorsque les vaccins seront prêts à être distribués », l'autorité a d'ores et déjà établi des recommandations « intermédiaires » et a défini quatre axes de travail pour définir la stratégie vaccinale : « identifier les populations à cibler prioritairement ; identifier les critères pertinents d’évaluation ; mener une veille sur le développement des vaccins susceptibles d’être rapidement mis à disposition ; et définir les modalités pratiques de la campagne de vaccination ». Une réflexion qui doit aboutir à une recommandation consolidée « début 2021 ».
Alors que des personnalités, notamment politiques, ont affirmé leur volonté d'imposer le vaccin à toute la population, la HAS affirme dès maintenant que la vaccination contre le Covid-19 « ne devrait pas être obligatoire, ni pour la population générale, ni pour les professionnels de santé ». Une position que l'autorité justifie par les doutes qui subsistent autour du « calendrier de livraison des doses de vaccin » et par « le manque de recul concernant leur capacité à limiter la contagion du virus ».
La HAS précise par ailleurs sa volonté de s'appuyer sur les professionnels de santé qui auront « un rôle central dans l'orientation, l’information, la vaccination elle-même et le suivi des personnes ». Après les atermoiements et les cafouillages observés cette année avec la vaccination antigrippale, la HAS insiste notamment sur l'importance d'expliquer clairement à la population « pourquoi une priorisation devra être faite », et de faire preuve d'une « transparence totale sur la gestion des stocks et les contraintes organisationnelles ». Des promesses qui ne pourront que ravir les pharmaciens à condition, bien sûr, qu'elles soient tenues.
Des pharmaciens sur lesquels la HAS compte d'ailleurs beaucoup, comme elle le précise dès aujourd'hui. « Un élargissement des compétences vaccinales des infirmiers et des pharmaciens aiderait ainsi à atteindre une couverture vaccinale optimale dans les populations cibles », précise-t-elle en effet. Après avoir montré leur savoir-faire sur la vaccination antigrippale, les pharmaciens auront donc sans doute bientôt un nouveau défi à relever.
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