Pharmacovigilance

Quand le minoxidil tape dans l’œil

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Publié le 11/04/2024
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Médicament en libre accès, bien connu des officinaux, le minoxidil peut être responsable de plusieurs effets indésirables. Un cas de névrite optique a été notifié par le centre de pharmacovigilance de Montpellier (Hérault).

La névrite optique n’est pas mentionnée dans les RCP du minoxidil

La névrite optique n’est pas mentionnée dans les RCP du minoxidil
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Le centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Montpellier (Hérault) rapporte, dans son bulletin n° 1 de 2024, un cas de névrite optique et d’une dysgueusie après une utilisation régulière de minoxidil 5 %. L’homme de 68 ans appliquait la solution deux fois par jour, tous les jours, pendant 10 ans. Malgré l’arrêt de l’application depuis 1 an, les symptômes n’ont pas régressé.

La névrite optique n’est pas mentionnée dans les résumés des caractéristiques des produits (RCP). « Dans la littérature, on retrouve des cas de choriorétinopathie, de neuropathie optique ischémique et d’occlusion de l'artère rétinienne suite à une utilisation à long terme du minoxidil, justifient les pharmacologues. Les hypothèses mécanistiques évoquées impliquent : l’ouverture du canal potassique KATP induisant une hyperpolarisation et une réduction de l’excitabilité cellulaire, une action sur l’angiogenèse, une augmentation de perméabilité vasculaire médiée par le VEGF (facteur de croissance endothélial vasculaire), ou une hyperactivité sympathique entraînant une vasodilatation choroïdienne et donc une toxicité possible sur les cellules de l’épithélium pigmentaire. » Par ailleurs le minoxidil, lorsqu'il est appliqué par voie topique, n'est que faiblement absorbé : une quantité moyenne de 1,4 % à 1,7 % (pour des valeurs allant de 0,3 % à 4,5 %) de la dose appliquée parvient dans la circulation générale, indiquent les RCP. « Ce passage s’accroît avec la fréquence d’application par jour, la durée du traitement, l’état de la peau et l’âge du patient », ajoutent les pharmacologues.

Conseils au comptoir

Le minoxidil est en libre accès. Pour rappel, il est indiqué en cas de chute de cheveux modérée (alopécie androgénétique) de l’adulte, chez l’homme (2 % et 5 %) et chez la femme (2 %). Il stimule la croissance des kératinocytes in vitro et in vivo, favorise la pousse des cheveux et stabilise le phénomène de chute. Il n’est pas recommandé, voire est contre-indiqué, chez les personnes de plus de 65 ans, faute de données de sécurité et d’efficacité.

Quel que soit le dosage utilisé et quelle que soit l'étendue de la zone concernée, il est appliqué à raison d’une dose de 1 ml 2 fois par jour sur le cuir chevelu. La dose journalière totale ne doit pas excéder 2 ml. Se laver les mains après l’emploi.

Attention en cas d’antécédents cardiaques ou de cardiopathie : insister particulièrement sur la survenue d’effets indésirables potentiels, et informer les patients de la possibilité de survenue de tachycardie, de rétention hydrosodée ou de prise de poids ou autres effets systémiques.

Enfin, conseiller au patient d’arrêter d’utiliser le minoxidil et de consulter un médecin en cas d’hypotension artérielle, de douleur thoracique, de rythme cardiaque rapide, d’évanouissement ou d’étourdissements, de prise de poids subite inexpliquée, d’œdème des mains ou des pieds ou de rougeur ou d’irritation persistante du cuir chevelu. L’exposition solaire est déconseillée.

Anne-Hélène Collin

Source : Le Quotidien du Pharmacien