À raison d’une séance de travail par semaine pendant deux mois, les négociations entre l’assurance-maladie et les deux syndicats représentatifs de la profession, lancées ce matin, s’annoncent très denses.
Cette première réunion du mardi 19 décembre se serait presque déroulée sereinement, si une guerre des chiffres n’était pas venue la troubler. « L’assurance-maladie déclare qu’entre 2022 et 2023, 145 millions d’euros supplémentaires ont été accordés au réseau officinal pour la dispensation du médicament tandis que pour nous, ce chiffre atteint à peine 7 millions d’euros », souligne Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Il faut absolument que nous puissions faire converger nos chiffres », insiste Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Hormis IQVIA, dont les données sont actuellement exploitées par les deux syndicats, d’autres analystes tels que le GERS et des experts-comptables vont donc être appelés à apporter leur contribution pour affiner ces calculs.
S’il reste essentiel, ce point d’achoppement ne remet pas en question la teneur des négociations qui fait par ailleurs consensus. En effet, les visions qu’ont les autorités sanitaires de l’évolution du rôle du pharmacien correspondent à l’idée que la profession se fait, elle-même, de son avenir. Le calendrier des mois de janvier et de février sera donc conforme à ces ambitions. Sept groupes de travail seront dévolus à chacun des différents axes de la négociation* et autant de séances de travail sont programmées. Un groupe de travail supplémentaire a été créé à l’intention de l’accompagnement du pharmacien dans l’arrêt du tabac.
Toutefois, il n’est pas question, pour l’heure, de créer de nouveaux honoraires. En effet, la négociation a pour premier objectif de revaloriser les honoraires existants afin de consolider le cœur de métier du pharmacien qu’est la dispensation du médicament.
Ce rôle clé a été salué par le directeur général de l’assurance-maladie qui a répété son attachement aux missions du pharmacien et au maillage officinal. Face à une menace de financiarisation du secteur, Thomas Fatôme s’est d’ailleurs prononcé en faveur d’un mode de gestion reposant sur un pharmacien propriétaire de son officine. « L’accès à la pharmacie doit être le plus facile possible pour nos assurés. Or il existe des territoires fragiles. » Dans ce contexte, serait-il envisageable de prendre en compte l’inflation pour revaloriser une économie officinale mise à mal par la hausse des charges et des salaires ? À cette évocation, le directeur général n’hésite pas à botter en touche : « L’assurance-maladie n’est pas gestionnaire des officines. Elle n’a pas vocation à entrer dans les négociations de branche, ni à être recruteur ! » Une manière de fixer une première balise pour les discussions à venir.
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