LES PLANS Médicament se suivent et se ressemblent. « Ce PLFSS va encore accélérer la baisse de marge », craint Gilles Bonnefond, qui évalue la perte pour le réseau en 2013 de 300 à 350 millions d’euros. Un nouveau coup de massue pour la pharmacie qui, selon le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), subit déjà actuellement de plein fouet les mesures prises pour 2012. « Le mois de septembre est très mauvais et de nombreuses officines vont être déstabilisées », déplore-t-il. Quant à l’année prochaine, il s’inquiète notamment de l’ampleur des baisses de prix annoncées. « Ça va cogner très très fort », prévient-il. Il ajoute : « On demande l’effort le plus important au poste le plus maîtrisé, c’est injuste. »
Un contexte délicat pour le réseau qui, selon Gilles Bonnefond, compromet l’évolution pourtant nécessaire de la rémunération. À moins que les pouvoirs publics donnent les moyens à la profession de la mener. « Il nous faut un contrat avec l’État qui nous serve de feuille de route pour au moins les trois ans à venir », martèle le président de l’USPO. En fait, Gilles Bonnefond souhaite que ce contrat garantisse la stabilité de marge actuelle de 5,5 milliards d’euros pour les trois ou cinq prochaines années. Dans le cas contraire, l’engagement dans une réforme lui semble « très dangereux ». « Nous ne signerons que si la mise en place de l’honoraire de dispensation se fait à enveloppe constante », prévient le président de l’USPO.
Un constat partagé.
Malgré quelques divergences sur les modalités de mise en œuvre de l’honoraire (« le Quotidien » du 22 octobre), les syndicats partagent le même constat : le mode de rémunération actuelle n’est plus adapté. Et cela fait plusieurs années qu’ils tirent le signal d’alarme. En effet, depuis 2005, tous les plans Médicaments qui se sont succédé exercent une forte pression sur les prix et les volumes des médicaments remboursables. Dans ce contexte, il est vite apparu que le modèle actuel de la marge dégressive lissée (MDL) était devenu obsolète. Il y a deux ans, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait entrepris d’adapter le modèle économique de l’officine à un marché du médicament moins dynamique qu’auparavant. Mais sa proposition d’augmenter de 3 centimes d’euro le forfait à la boîte en échange de l’application de nouveaux TFR, n’a pas convaincu les officinaux. Elle est carrément qualifiée « d’insuffisante et d’incohérente » par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Finalement, le projet est enterré et Xavier Bertrand, qui succède à Roselyne Bachelot, demande à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) de plancher à son tour sur le sujet. Verdict des inspecteurs : il faut substituer progressivement au système de rémunération actuel un honoraire de dispensation. L’idée fait consensus : la rémunération fondée sur la marge commerciale a vécu. Vive la rémunération mixte !
La nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine, est sur la même longueur d’onde. Dans un message lu par le directeur de la Sécurité sociale, Thomas Fatome, lors du dernier Congrès des pharmaciens, à Lille, la ministre indique qu’il « n’est plus envisageable aujourd’hui que les pharmaciens continuent d’être rémunérés en fonction de la seule marge réalisée sur la vente des boîtes de médicaments. Ce dispositif doit donc évoluer vers la mise en œuvre d’un honoraire de dispensation ». La balle est maintenant dans le camp du directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM), Frédéric van Roekeghem, chargé de mettre le nouveau mode de rémunération en musique. Mais, auparavant, les dissensions syndicales devront s’être éteintes.
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