Déjà en mauvaise santé avant la crise, les grossistes-répartiteurs en appellent au gouvernement pour ne pas finir l’année avec 100 millions d’euros de pertes, alors que, comme les pharmaciens, leurs missions se sont élargies pour faire face à l’épidémie de Covid-19.
En mauvaise posture avant la crise sanitaire, elle a alerté à plusieurs reprises le gouvernement des menaces que cela faisait peser sur l’accès aux médicaments pour tous les Français. Aujourd’hui, la dégradation économique s’est encore accélérée : au premier trimestre 2020, les grossistes-répartiteurs ont enregistré 15 % de pertes financières. À ce rythme, le recul sera de 100 millions d’euros pour l’ensemble de l’année. « Depuis plusieurs semaines en effet, le secteur subit l’impact brutal de l’effondrement du volume des consultations médicales qui génère une chute massive des prescriptions et, par conséquent, une baisse très significative de l’activité des pharmaciens », explique la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). C’est pourquoi elle lance un appel au gouvernement pour obtenir « une mesure d’aide urgente (…) sous la forme d’une exonération d’un trimestre de la taxe sur les ventes en gros ».
Une aide qu’elle estime d’autant plus justifiée que la répartition pharmaceutique a répondu présente à toutes les missions qui lui ont été attribuées depuis le début de la crise sanitaire. Les grossistes ont ainsi distribué 50 millions de masques dans le cadre d’opérations nationales ou régionales, de grandes quantités de solutions hydroalcooliques (SHA) à la demande des agences régionales de santé (ARS), tout en assurant les livraisons quotidiennes de médicaments. À cela s’ajoute la mesure exceptionnelle permettant aux patients sous traitement à délivrance uniquement hospitalière de pouvoir le retirer dans la pharmacie d’officine la plus proche. Le traitement, préparé par la pharmacie de l’hôpital, transite alors jusqu’à l’officine désignée par le biais des grossistes-répartiteurs, exercice auquel ils se sont déjà pliés pour 2 000 patients. Or, « d’un point de vue économique, les niveaux d’indemnisation alloués par les pouvoirs publics aux entreprises de la répartition seront notoirement insuffisants pour couvrir les frais engagés », ajoute la CSRP.
Jean Fabre, P-DG de Phoenix Pharma, confirme ces pertes financières annoncées par la chambre syndicale « car nous avons subi de plein fouet, comme les pharmacies, la baisse des volumes de médicaments remboursés ». Même si une légère reprise des commandes a été observée ces derniers jours – ce qui pousse d’ailleurs Phoenix Pharma à reprendre les livraisons biquotidiennes – Jean Fabre rappelle que les grossistes-répartiteurs viennent historiquement en aide aux officines en difficulté économique, et qu’elles sont « un certain nombre » qu’il compte essayer d’épauler « pour passer le cap ». Pour y parvenir, les répartiteurs ont besoin d’une « exonération de la taxe de distribution en gros, qui est une taxe confiscatoire ». Mais, insiste-t-il, cette mesure exceptionnelle vient en complément de la « demande de réforme structurelle » de la rémunération des grossistes-répartiteurs qu’ils réclament depuis des années.
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