LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - La proposition du gouvernement pour revaloriser la marge des pharmaciens vous paraît-elle adaptée aux besoins de l’économie officinale ?
FRANCIS MEGERLIN. - Elle est adaptée aux besoins d’une économie nationale en crise majeure, dont la pharmacie n’est pas le secteur le plus sinistré. Elle n’a donc pas pour objet et ne saurait avoir pour effet le sauvetage des officines les plus fragiles, qui appelle d’autres mécanismes, peut-être de nature capitalistique. Cela dit, si l’augmentation du forfait sert l’intérêt officinal, la généralisation du TFR poursuit clairement un intérêt national. Or, massive, elle pourrait affaiblir l’officine en phase de transition vers l’ère des services, car les contenus et modèles ne sont pas matures.
Quelles autres pistes seraient, selon vous, meilleures pour la profession ?
Pour accomplir les futures missions, il faut consolider le réseau, et donc trouver de l’oxygène sans oublier ni obérer les perspectives ouvertes par la loi HPST. À cet égard, un improbable relèvement de la marge me semble hélas plutôt de la morphine à court terme, et rendrait plus difficile l’évolution vitale. Je pense plutôt nécessaire de décoreller partiellement la rémunération du pharmacien du prix des produits par une augmentation significative du forfait, car cette corrélation devient dangereuse. Cela permettrait la sécurisation du revenu, et faciliterait la transition avec un point d’appui stable vers un modèle mixte combinant marge, honoraires et capitation, soit un système moins vulnérable, plus dynamique et efficient.
Existe-t-il en Europe des modèles à suivre, facilement transposables à la pharmacie française ?
Les pharmaciens belges ont eu le courage de restructurer leur rémunération, mais ça n’est qu’une première étape : il faut maintenant dépasser la logique du forfait lié au conditionnement, pour développer celle plus pérenne et motivante des actes et services liés au traitement et à la prévention *. En France, la même première étape demanderait beaucoup de subtilité, car la MDL est à trois tranches (deux en Belgique). Toucher la structure de la rémunération pourrait induire une relative dispersion d’impact pour les officines, ce qui rend le consensus difficile entre les tribus gauloises. Mais sans consensus pas de réseau solide, et la légitimité de l’exception pharmaceutique ne tiendrait pas longtemps. Cela serait très dommage, car la loi HPST a ouvert un horizon exceptionnel, et nécessaire à tous.
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